La confiance en soi n’est pas acquise à la naissance. Elle se construit par les liens qui se tissent avec les autres et par les expériences que l’on va vivre. La rédaction du magazine Pomme d’Api a identifié huit attitudes positives qui aideront votre enfant à prendre confiance en lui…
La confiance en soi, un atout pour bien grandir
Avoir confiance en soi ne veut pas dire rouler des mécaniques et “faire son intéressant”, comme le disent parfois les enfants. Avoir confiance en soi, c’est avoir intégré l’idée que “je suis unique et, à ce titre, j’ai de la valeur ” et que “je suis capable” (j’ai des compétences, je peux apporter des choses aux autres). Cette confiance en soi n’est pas acquise à la naissance. Elle se construit par les liens qui se tissent avec les autres, et particulièrement les adultes de l’entourage, et par les expériences que l’on va vivre. Aussi, le regard (la perception, l’attention) que portent les adultes sur les enfants a une incidence sur l’estime de soi de ces derniers. Voici huit attitudes positives qui aideront votre enfant à prendre confiance en lui…
Souligner ce qui est bien
Certaines personnes, pour reprendre l’adage, ne voient que le verre à moitié vide. C’est le cas de Marc. Face aux réalisations de ses deux enfants, il souligne toujours ce qui ne va pas : “Regarde, là, ton coloriage… tu as dépassé !”, ou “Tu as renversé de la farine sur la table !” Ses enfants finissent par baisser les bras. Ils ont l’impression de ne jamais être à la hauteur des attentes de leur père.
Accordons aux enfants, a fortiori quand ils sont petits, le droit à l’erreur ! À leur âge, tout ou presque est nouveau, et pour réussir une chose, il faut la tenter plusieurs fois. C’est certain, les compliments et l’exagération “à l’américaine” ne nous sont pas familiers (“Well done!”, “Good job!”). Mais inspirons-nous des attitudes des entraîneurs sportifs et, comme eux, soulignons plutôt ce qui a été réalisé, avant d’aborder ce qui pourrait être amélioré. Pour intégrer le fait qu’il a la capacité de franchir des obstacles, l’enfant a aussi besoin d’entendre ce qu’il sait déjà faire : “Rappelle-toi, l’an dernier, tu avais besoin des petites roues à ton vélo !”
Se méfier du verbe être
Une bêtise a été commise. Dans notre façon de nous adresser à notre enfant, nous utilisons parfois des mots qui nous dépassent : “Tu es nul !”, “Mais qu’est-ce que tu es maladroit !”… Cela vaut aussi pour nous : “Quelle imbécile je suis, j’ai encore oublié mes clés !” Qualifier l’acte ou le comportement, mais jamais la personne. Au lieu de s’écrier : “Tu es pénible, à la fin !”, dire plutôt : “C’est désagréable que tu refuses de t’habiller le matin.” Offrir ensuite une possibilité de réparation : “Je te donne l’éponge, et tu nettoies.”
Écouter son point de vue et ses émotions
“J’ai toujours peur que mon fils ait froid. Mais j’ai réalisé que c’était moi qui étais frileuse ! Lui sait très bien venir prendre son manteau si nécessaire.” Il s’agissait juste de changer de point de vue… De même, aider son enfant à décrypter ce qui se passe en lui l’aide à se connaître. Il peut s’agir de ce qu’il éprouve (“Tu es en colère” ou “Je vois que tu es triste”) ou de ce qui l’intéresse (“Tu aimes passer du temps à l’extérieur, tu as besoin d’être dehors”, “Les insectes te passionnent…”) Cela le légitime, “l’enracine dans sa singularité”, pour reprendre les termes du docteur Catherine Gueguen (voir réf. en fin d’article).
Mettre des mots sur les émotions aide l’enfant à les traverser. Dire : “Tu es en colère, tu n’es pas content parce que…” contribue souvent à l’apaiser et à accepter que son désir ne soit pas exaucé. L’écouter ne veut pas dire se plier à ses désirs : ce n’est pas parce qu’il ne veut pas prendre de bain qu’il doit rester sale. On peut proposer une douche ou une toilette de chat, en prévenant que le bain sera pour le lendemain.
Lui faire confiance
Dans la famille, Margot est la plus jeune. Elle a deux grands frères qui savent faire bien plus de choses qu’elle ! Pour lui faire sentir qu’elle aussi a des capacités, elle a ses missions à elle. On lui confie des tâches à sa portée : quand les enfants mettent la table, elle est chargée des serviettes et des petites cuillères. On l’intègre au groupe : oui, elle a bien sa place dans la famille. Cela lui donne des droits, mais aussi des devoirs. Et ses frères ne se privent pas de le lui rappeler : “Ce n’est pas parce que tu es la plus jeune que tu ne dois pas aider !” On la remercie : “Ah, tu m’as bien aidée, grâce à toi, le gratin sera plus vite prêt !”… même si cela vous a pris plus de temps !
Encourager la découverte
“Attention ! Tu vas tomber !” Quel parent ne laisse pas échapper cette exclamation ? Mais comment apprendre à marcher sans prendre le risque de tomber ? Comment apprendre à faire du vélo ? Comment découvrir le monde en tenant toujours la main d’un adulte ? Mesurons les risques, et essayons de ne pas refréner la curiosité des enfants et leur élan de vie. Disons-leur plutôt : “Tu as vu, il y a des pierres qui peuvent déraper, mais si tu fais bien attention, tu peux y aller !” Évitons de briser leurs illusions par un “Ça ne sert à rien de faire une maison pour les escargots, ils n’y resteront jamais !”
Retenons-nous aussi de faire tout à leur place, sous prétexte que “ça va plus vite”. C’est sûr, notre patience est parfois mise à rude épreuve (les lacets, quel cauchemar !). Mais devancer leurs désirs, leur mettre leurs manteaux, attraper le verre, soutenir la carafe…, tout cela leur laisse penser qu’ils ne sont pas aptes.
Être positif ne suffit pas
Oscar tend un dessin à sa mère qui y jette un coup d’œil rapide et s’écrie : “Magnifique ! Tu l’as fait à l’école ?” Son fils répond tristement : “C’est celui que je t’ai montré hier !” Notre mécanique “c’est beau !” finit par perdre tout poids. Plutôt qu’émettre un jugement de valeur (bien/pas bien) sur le résultat, soulignons l’intention et l’attention portée par l’enfant à la réalisation. Ainsi, l’enfant ne sera pas dépendant du jugement de l’adulte, mais se focalisera sur le plaisir qu’il y a pris, l’effort qu’il a fourni, sur sa petite victoire à lui. On ne grandit pas pour avoir des compliments, mais pour soi. Pour cela, autant décrire sa production : “Dis donc, tu y as consacré du temps !”, “Je vois que tu aimes beaucoup cette couleur”, “Tu as fait un boudin de pâte à modeler”… Cela évite aussi de s’exclamer : “Oh, quel magnifique cheval !” et de s’entendre répondre : “Mais c’est une sorcière !”
Se retenir de comparer
Dans le couloir de la maternelle, les portemanteaux sont surmontés de petites étiquettes avec les prénoms des enfants. Depuis peu, la maîtresse de moyenne section a ôté les photos des enfants pour qu’ils s’entraînent à repérer la graphie de leur prénom. Une petite fille parcourt toute la file et déchiffre presque sans erreurs : “Samir, Sonia, Élie, Mélina…” Sa prouesse impressionne une maman qui se tourne vers son fils : “Regarde, ta copine lit tous les prénoms ! Et toi, tu ne repères même pas le tien !” Gardons en tête que tous les enfants ne se développent pas au même rythme, même si on a tous des curseurs en tête, comme en témoignent les conversations entre parents : “Mon fils n’est pas très créatif, tu as vu comment il dessine les bonshommes ?”, “Ma nièce n’a marché qu’à 22 mois !”, “Ma fille sait déjà faire du vélo”… Ne le comparons pas aux autres enfants, mais seulement à lui-même : que faisait-il avant, comment s’y prenait-il ? Face à une difficulté, un échec, on peut simplement dire : “Tu n’y arrives pas pour le moment, mais tu vas t’entraîner, et tu y arriveras une prochaine fois.”
Valoriser ce qui l’intéresse
Leurs occupations, et tout particulièrement leurs jeux, méritent toute notre considération : le jeu est une activité qui les aide à grandir, qui participe de façon essentielle à leur développement. Se déguiser, jouer au papa et à la maman, se concentrer sur un découpage, construire une tour de cubes, faire vivre des figurines dans une ville de Lego, imiter tel joueur de foot dans le jardin… À nous d’essayer de ne pas laisser entendre qu’il y a une hiérarchie entre les activités : jouer est un besoin aussi fondamental que manger ou dormir.
Au moment d’interrompre une de leurs activités, prévenons-les quelques minutes à l’avance : “On va bientôt manger. Dans 5 minutes, il faudra arrêter de jouer.” Si on a de la place, laissons-les profiter un peu de leurs constructions : quoi de plus attristant que d’avoir construit un univers de Kapla ou de poupées et de devoir les ranger immédiatement ?
Trois ouvrages pour aller plus loin
- Le meilleur pour mon enfant – La méthode des parents qui ne lisent pas les livres d’éducation, de Guillemette Faure, les arènes.
- Les lois naturelles de l’enfant – La révolution de l’éducation à l’école et pour les parents, de Céline Alvarez, éd. les arènes.
- Pour une enfance heureuse – Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, de Catherine Gueguen, Robert Laffont.
Le numéro de février du magazine Pomme d’Api pour les 3-7 ans et son supplément pour les parents, en vente en kiosque à partir du 27 janvier.