Le sac à dos sur les épaules, fier mais un peu inquiet, voilà votre enfant qui s’en va comme un grand chez ses grands-parents. Comment s’y préparer ensemble ? Les conseils de Pomme d’Api…
En parler avec son enfant
Ça y est ! Bientôt le départ. Le plus souvent chez les grands-parents, parfois chez des cousins-cousines, une tante, une marraine, des amis proches… Un grand moment dont il est important de parler avec le petit voyageur, conseille Joël Clerget, psychanalyste.
“En insistant sur le fait qu’il va vivre quelque chose de différent : ce ne sera pas comme à la maison. Mais ne parlez pas trop tôt de ce départ, quelques “dodos” à l’avance suffisent.” Autrement, l’attente de l’échéance peut virer à l’angoisse : “C’est demain que je vais chez Papi et Mamie ?” “Non, c’est dans quinze jours !”
Faire les bagages ensemble
La préparation de la valise est une bonne occasion d’anticiper ce séjour, d’en parler avec le petit vacancier, et surtout de le rendre acteur : “Va chercher 7 culottes dans ton placard et mets-les dans ton sac”, “Je mets ta brosse à dents dans cette petite poche.” Et puis on n’oublie pas le doudou, bien sûr !
Fier d’être mis à contribution, votre enfant est même attentif à quelques recommandations : “S’il y a beaucoup de soleil, tu dis à Papi de penser à ta casquette !” Une fois le sac bouclé, pris au jeu, plus d’un enfant s’amusera alors à jouer le moment du départ, en attendant le jour J : “Au revoir ! Je pars en vacances !”
Assumer sa propre appréhension
Soyons honnêtes, l’enfant est souvent bien moins inquiet que ses parents. Surtout s’il s’agit de l’aîné et de la première fois que l’on s’en sépare. “Mes (beaux-)parents sauront-ils s’en occuper ? Puis-je vraiment faire confiance à ma sœur ? On n’a pas les mêmes façons de faire ! Il va me manquer ! Je vais lui manquer !”…
Les pensées se bousculent dans la tête d’un papa et d’une maman. “Ces inquiétudes, autant ne pas les faire peser sur l’enfant, souligne Joël Clerget. C’est le problème des parents, pas le sien.” Difficile, pourtant, de les cacher. Ainsi, note Annabelle, mère de trois garçons : “Tant que j’étais stressée, ils me faisaient sentir que la séparation était longue pour eux. La fois où j’ai été ravie de me ménager du temps pour moi, en leur absence, ça s’est très bien passé.”
Comment se tranquilliser ?
En lâchant du lest sur nos principes, qui ne sont pas les mêmes que ceux des grands-parents ou des amis. Sur les rythmes du coucher par exemple, sur les habitudes des repas et de l’assiette que l’on termine ou pas… Mais ce n’est pas parce que c’est plus “strict” ou plus “libéral” chez les hôtes que cela le deviendra chez nous au retour !
Jean, par exemple, le répète souvent à ses enfants : “Chez Mamie, c’est Mamie qui commande. Mais chez moi, c’est moi !” Et puis, les “accueillants” ont généralement un gros avantage : ils se sont organisés pour être pleinement disponibles pour leurs petits invités.
Comme le résume Annabelle : “C’est sûr que chez Papi et Mamie, pour mes enfants, c’est tous les jours la fête ! Bien plus qu’à la maison où nous sommes pris par notre quotidien.” Quant aux recommandations, pas la peine de noircir des pages et des pages, hormis les nécessités médicales : “Si le terrain est trop balisé, explique Joël Clerget, c’est comme si l’enfant n’avait qu’un monde, qu’un fonctionnement. Cela empêche la découverte de l’altérité.”
Le jour J
“Quand j’étais petite, mes parents m’ont “abandonnée” sans rien me dire, à mes grands-parents. Il paraît que j’ai passé ces vacances à hurler”, raconte Anne, qui, depuis qu’elle a elle-même des enfants, s’est promis de ne jamais partir en catimini.
Oui, cela se passe bien mieux quand les choses sont annoncées clairement : “Après le goûter, je te dirai au revoir, et je partirai.” Ou “Demain matin, quand tu te réveilleras, je serai déjà parti.” Mieux vaut se confronter à la réaction de l’enfant, surtout s’il est affecté.
Mais les enfants réagissent de façons très variées : si certains manifestent leur chagrin ou leur inquiétude, d’autres décontenancent leurs parents par leur flegme : “Salut Maman !”
Prendre des nouvelles ?
“Ne téléphone plus le soir !” a demandé un jour une grand-mère à sa fille, car elle passait ensuite de longues minutes à consoler ses petites-filles après chaque coup de fil. Les irruptions vocales des parents dans le monde des vacances de leurs enfants peuvent les déstabiliser.
“Je prends des nouvelles auprès des adultes, a choisi Dominique. Ça évite d’interrompre un jeu ou une histoire, et j’ai le sentiment que mon fils a du mal à faire l’aller-retour entre les deux univers.” Sans compter que le téléphone est un instrument difficile à apprivoiser quand on a 4 ou 5 ans. “Prendre des nouvelles” reste une affaire d’adultes, l’enfant n’a pas besoin d’entendre la voix de ses parents tous les jours !
Les retrouvailles
“Qu’est-ce qu’il a changé !” Eh oui, on ne retrouve pas son enfant exactement comme on l’a quitté. Quelle richesse ! Il a plein de choses à montrer, à raconter… Mais cela prend parfois du temps.
Au moment des retrouvailles, l’humeur de l’enfant n’est pas toujours celle que ses parents tout émus attendent. Ainsi, cette aînée qui n’a pas adressé la parole à sa mère pendant plusieurs heures, alors que la joie de sa petite sœur se traduisait par une excitation physique qui donnait le tournis… Autant que le départ, le retour est un passage délicat. Mais tous en sortent grandis !
À faire ensemble pour préparer le départ
♥ Un sac à bisous
Les amateurs de couture pourront confectionner avec leur enfant une petite pochette en tissu. Les autres feront de la récup’ ou iront fouiner au rayon “trousses de toilette”. Ce qui est important, c’est ce qu’on y glisse : un foulard imprégné du parfum de Maman ou de Papa, des photos des membres de la famille, le doudou, et surtout, des bisous (virtuels ou sous la forme de cœurs en papier, c’est comme vous voulez !). On peut en mettre tout plein, il y a toujours assez de place. Et quand on ouvre le sac, mmhh, on les sent, tous ces bisous !
♥ Un “compte-dodos”
Rendre visible une durée pour un enfant qui ne maîtrise ni les nombres, ni le temps… Difficile ! Pomme d’Api a emprunté une idée à l’orthophoniste Bernadette Guéritte-Hess (voir Pomme d’Api Parents n° 578, avril 2014, ainsi que son ouvrage L’enfant et le temps, éditions Le Pommier).
Elle propose de réunir par une grosse pince à dessin autant de feuilles blanches que de “dodos” à passer avant de se retrouver. On peut même comptabiliser les “dodos-siestes” et les “dodos-nuits”, pour les enfants concernés. Cette liasse est fixée au-dessus du lit de l’enfant. Chaque fois qu’il se réveille, il détache une feuille, sur laquelle il pourra faire un dessin. Ces feuilles détachées sont à leur tour rassemblées par une pince à linge : ce tas grossit, pendant que l’autre diminue : on “voit” le temps s’écouler ! Bien plus concret, défini, limité et tranquillisant que “dimanche” ou “dans 5 jours”.