C’est la rentrée… et tout va bien se passer ! Étape charnière de la vie de notre enfant, l’entrée en maternelle marque le début de sa vie de “grand”. Pomme d’Api est allé à la rencontre des principaux acteurs de ces premiers jours. Ils racontent et nous donnent quelques conseils pour amorcer en douceur ce grand changement.
Alix, parent d‘élève
Maman de Marceau (6 ans), Camille (4 ans) et Quitterie (18 mois), Centre-Val-de-Loire
« Pour moi, la priorité est de faire confiance aux membres de l’équipe éducative. Lors d’une première rentrée, je n’arrive pas en me disant : “Ils ne vont pas savoir gérer mon enfant”. C’est leur métier, pas le mien, et si l’enseignant dit qu’il ne faut pas que les parents restent plus de dix minutes dans la classe, il a ses raisons. Des rentrées, il en a fait bien plus que moi ! Avant le premier jour, j’évoque évidemment l’entrée à l’école, mais en “dosant”. Marceau, l’aîné, était très demandeur, on a regardé beaucoup de livres ensemble. En revanche, j’ai vite senti que ça n’intéressait pas beaucoup Camille. Je n’ai pas insisté, parce que je me suis dit que cela pourrait l’angoisser plus qu’autre chose. »
On laisse son “bébé”
« Une première rentrée, c’est émouvant pour le parent. On laisse son “bébé” chez les grands. J’ai versé ma petite larme, mais c’est chouette aussi de le voir avec d’autres enfants. Côté cantine, il me semble que les choses se sont bien améliorées depuis quelques années. Alors qu’à mon époque, on nous forçait à finir notre assiette, désormais, on leur demande au moins de goûter au plat. C’est aussi un temps où ils peuvent parler plus librement avec leurs copains. D’ailleurs, concernant le fait de parler, il faut se faire à l’idée qu’ils ne racontent pas forcément ce qui se passe à l’école. C’est un peu frustrant. Il faut en prendre son parti et les laisser venir. Car plus ils grandissent, plus ils en disent. Une chose est sûre : si la maîtresse ne dit rien, c’est que tout va bien ! »
Christine, enseignante
En classe de petite-moyenne section, Île-de-France
« Le jour de la rentrée, nous laissons les parents entrer en classe avec l’enfant. J’accueille mes élèves avec l’Atsem (Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles) et nous donnons à chacun un collier avec son prénom. Cela me permet dès le départ de créer un lien avec eux. Je me présente et je leur désigne leurs portemanteaux. Cela leur montre qu’il y a une place pour eux à l’école, qu’ils y sont attendus. Et aux parents aussi ! Car la rentrée est souvent plus difficile pour eux que pour les enfants ! D’ailleurs, si j’ai un conseil à donner, c’est celui-ci : le premier jour, une fois que vous avez décidé de quitter la classe, ne traînez pas ! Votre départ ne doit pas durer des heures. Le pire étant de rester derrière la vitre. Moi, en soi, cela ne me gêne pas, mais pour l’enfant, c’est compliqué. Il se sent pris dans un conflit de loyauté, cela l’empêche de venir vers nous. Aussi, mieux vaut se prévoir quelque chose après avoir quitté son petit : un rendez-vous, une course… Cela évite de se morfondre. Et puis aucun enfant ne pleure toute une matinée. »
Des coups de blues…
« Bien sûr, le deuxième jour, quand ils arrivent, je lis parfois dans le regard de certains petits : “Ah, elle est encore là, elle ?” Mais les coups de blues durent quinze jours, trois semaines ou… seulement quelques minutes. Je me souviens d’une maman pour qui c’était compliqué de laisser son enfant en pleurs le matin. Le soir, je lui ai montré une petite vidéo tournée avec mon portable de son enfant qui jouait, épanoui, dans la classe. Et je lui ai expliqué que c’était… dix minutes après son départ. Cela l’a rassurée. De toute façon, l’espace de la classe est conçu pour que les enfants y trouvent leur compte. Dans la mienne, il y a un petit toboggan, une bibliothèque, des jeux de construction par terre, des jeux de logique sur les tables… Ils évoluent dans un endroit fait pour eux. »
Le rôle de l’école
« La petite section, c’est le temps où on devient élève et où on s’approprie l’école. Rester assis, ne pas taper l’autre, le supporter, apprendre à mettre son manteau… c’est découvrir le “savoir-être” avec les autres. Et puis en tant qu’enseignants, nous avons des attentes, on n’est pas là pour les “garder” : ils apprennent à compter, à connaître les jours de la semaine, à reconnaître des lettres, à découper, à muscler leurs doigts avec la pâte à modeler… Mais il ne faut pas oublier que l’apprentissage est un temps long. Et qu’un enfant né à la fin de l’année ne peut pas avancer au même rythme que celui qui est né en janvier. Une chose est sûre : avec les parents, nous sommes partenaires. Nous voulons tous que les choses se passent bien. Aussi, à la moindre question, il ne faut pas hésiter à venir nous voir. »
Mélodie, Atsem
Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles (ATSEM), en Hauts-de-France
« Nous sommes là pour aider les enfants à gagner en autonomie. Nous intervenons comme soutien de l’enseignant, en matière d’hygiène, d’entretien des locaux et du matériel éducatif et, pour certaines d’entre nous, sur le temps périscolaire. Je dirais qu’avec l’enseignant, nous sommes le deuxième repère des petits. Une sorte de deuxième phare. Le rôle de l’enseignant est d’abord éducatif, le nôtre a une dimension plus affective. L’Atsem est là pour rassurer, mettre en confiance. Les enfants savent que c’est la même personne qui va les suivre tout au long de la journée. L’école est un petit cocon où ils se sentent protégés. »
Respecter le rythme de chaque enfant
« Les premiers jours, beaucoup de parents s’inquiètent au sujet de la propreté. Il faut savoir qu’au début, on passe beaucoup de temps aux toilettes. Moi, je les emmène aux W.-C à la demande. Bien sûr, il peut y avoir des petits accidents, mais on s’en occupe ! La propreté est liée au rythme de chaque enfant, on le respecte. Pour les petits, le temps de la sieste est un autre moment important. Ils ont besoin de se poser, car la cantine est quand même un lieu assez bruyant. Dans le dortoir avec des petits lits, chacun des enfants a son emplacement réservé. Je mets un fond de musique classique et je m’assieds par terre à côté de ceux qui ont besoin d’une présence pour s’endormir. D’ailleurs, il ne faut pas que les parents hésitent à laisser un doudou. Au début, les petits en ont besoin, surtout pour la sieste, justement. Un autre conseil : si les parents pouvaient éviter les chaussures à lacets… Quand on doit s’occuper de vingt-cinq enfants, ce n’est pas évident de devoir lacer vingt-cinq paires de chaussures ! La salopette n’est pas non plus le vêtement idéal ! En fait, nous, les Atsem, nous sommes un peu comme une deuxième maman, sur le temps scolaire. D’ailleurs, il n’est pas rare que des parents soient un peu “jaloux” de nous, parce qu’à la maison, leurs enfants parlent beaucoup de nous ! »
Jean-Michel, directeur d’école maternelle
En Hauts-de-France
« Le directeur est le premier lien entre les parents et l’école. Car après la préinscription en mairie, c’est lui qu’ils rencontrent lors de l’inscription dans l’établissement. Or, une rentrée, ça se prépare côté enfants, mais aussi côté parents ! L’année précédant la première rentrée, on peut passer devant l’école au moment de la sortie des classes, ou lors du carnaval par exemple. dessins qui sont affichés aux fenêtres… Autant de façons de susciter l’envie chez lui. Ensuite, le jour du rendez-vous avec le directeur ou la directrice pour l’inscription, il ne faut pas hésiter à poser toutes les questions qu’on a en tête. J’explique le fonctionnement de l’école, ce que l’enfant va y faire. C’est d’ailleurs bien que le petit soit là lors de cette rencontre. Chez nous, nous faisons aussi une demi-journée d’immersion en classe avant la rentrée. Cela aide l’enfant à se projeter. »
Éviter de montrer son inquiétude
« Le jour J, c’est bien de venir à pied, histoire de ne pas être trop stressé par le problème de la voiture à garer. Mieux vaut donner la main à son enfant plutôt que de l’avoir dans les bras. La séparation sera moins compliquée ainsi. C’est mieux aussi quand le parent peut éviter de montrer son inquiétude et, surtout de mentir ! Cela m’arrive régulièrement d’entendre des parents me chuchoter : “Bon, je ne lui ai pas dit qu’il restait déjeuner à la cantine ce midi…” Pourtant, c’est important que l’enfant sache ce qu’il en est de son emploi du temps ! Si on peut se libérer, c’est bien de pouvoir venir chercher son petit à la fin de cette première journée. Enfin, notre lien à l’école est conditionné par notre propre histoire. Si le parent critique l’école à la maison, le petit l’entend. Or cela marche dans les deux sens : ce qui est fait à l’école doit être valorisé à la maison, ce qui est fait à la maison doit l’être à l’école. Le “cahier de vie” complété en classe, mais aussi avec les parents, est emblématique de cette relation bienveillante qui doit se mettre en place. Plus il y aura de confiance mutuelle, mieux cela se passera. »
La rentrée sur pommedapi.com
Vous retrouverez tous nos dossiers (La rentrée en maternelle en 10 questions-réponses, La vérité sur la récré…) sur le site pommedapi.com, avec un onglet spécialement dédié à l’école maternelle, riche de conseils et d’infos. Côté enfants, de nombreuses activités sont disponibles, du yoga à la cuisine, en passant par le bricolage. Sans oublier les podcasts et Radio Pomme d’Api, la fameuse webradio chouchoute des petits.
Des livres et un podcast pour aller plus loin
• Maman à l’école d’Éric Veillé et Pauline Martin, Actes Sud Junior. Le jour de la rentrée, une petite fille refuse de laisser partir sa maman. Celle-ci va donc passer sa journée dans la classe… Une histoire drôle qui dédramatise l’entrée à l’école.
• Je ne veux pas aller à l’école de Stephanie Blake, L’école des loisirs. Quand Simon, le lapin adoré des enfants, doit aller à l’école, c’est forcément toute une histoire… avec, comme toujours, beaucoup de rires et un brin d’impertinence.
• L’émission Les Nouvelles Vagues sur France Culture. L’auteure Marie Desplechin y revisite la façon dont la rentrée scolaire est traitée au cinéma, de Miracle en Alabama à Matilda. Un bonheur d’écoute.