Le jeu, pour un enfant, est un besoin aussi vital que le soleil ou la nourriture ! Mais dans l’immense coffre à jouets dont s’est dotée notre société de consommation, comment se repérer ? Les conseils de la rédaction de Pomme d’Api et une sélection de jeux qui plairont à coup sûr aux 3-7 ans.
Quels critères pour bien choisir un jeu pour son enfant ?
“Ce n’est pas du jouet dont un enfant a besoin pour grandir, mais du jeu”, prévient d’emblée Sophie Marinopoulos, psychologue, qui a consacré des recherches au jeu chez l’enfant (Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va, éd. Marabout). Entendez là, le fait de jouer. Pas faux !
Quel émerveillement de voir ce que devient un simple carton d’emballage à leurs yeux : maison, voiture, avion, chapeau ! Quelle concentration chez ces enfants qui, à peine rentrés de l’école, préparent minutieusement tout un matériel pour jouer à leur tour à la maîtresse !
Mais quand les parents franchissent les portes d’une enseigne de jeux, ils sont souvent perplexes et déroutés devant les rayons remplis de jouets. En effet, quels critères de choix adopter pour acheter un jeu à son enfant ?
Critère n° 1 : méfions-nous des offensives marketing
Souvent, les indications d’âge imprimées par les fabricants sur les boîtes sont abaissées pour des raisons commerciales : on élargit ainsi le panel de clients potentiels ! Pour Anne-Sophie Casal, psychologue et formatrice au Centre National de Formation aux Métiers du Jeu et du Jouet, à Lyon, il y a bien un “à partir de”, mais dans l’autre sens, c’est sans limite : si un enfant retrouve de l’intérêt pour un de ses jouets “de bébé”, pourquoi pas ?
Critère n° 2 : observons les aspirations de nos enfants…
Votre enfant n’a jamais accroché avec les Lego, alors que ces briques danoises ont fait la joie de votre propre enfance ? Tant pis ! Aucun enfant ne s’empare d’un jeu de la même façon, et il n’y a pas d’inquiétude à avoir s’il en laisse de côté.
Certains vont se lancer dans l’action, bâtissant avec minutie tours et maisons, engins et véhicules. D’autres vont préférer raconter des histoires, projetant dans le jeu ce qui les préoccupe : “On dirait que toi, tu serais l’élève, et moi, je serais la maîtresse.” Et rien n’est fixé dans le marbre. Les dinosaures qui ont peuplé le premier trimestre de grande section de votre aîné vont peut-être devenir poussiéreux au printemps !
Critère n° 3 : limitons nos achats (et ceux de l’entourage !)
Il faut du temps pour s’approprier un jouet. Quand il y en a trop à la fois, les enfants n’arrivent plus à y jouer, ils les délaissent sans entrer dans une construction avec eux. Anne-Sophie Casal conseille de ne sortir que quelques jouets, et de garder les autres bien rangés. Tous les trois ou quatre mois, on peut rouvrir la “réserve”, y ranger un jouet devenu très familier et choisir un “nouveau” jouet.
Critère n° 4 : et si on n’aime pas jouer ?
“Surtout, ne vous forcez pas ! rassure Sophie Marinopoulos. En revanche, il est primordial d’accorder du temps au jeu.” Aujourd’hui, nos enfants ont de moins en moins de temps pour cela, leur emploi du temps fourmille d’activités. Mais ces activités, même ludiques, sont encadrées.
Or il est essentiel qu’ils fassent l’expérience, seuls, de leurs propres ressources. Et ça, le jeu le permet. “Construction de la vie intérieure, manipulation d’objets, amorce de réflexion, de logique, de stratégie, estime de soi…, le jeu offre une somme d’expériences extrêmement riches, dont l’enfant a besoin pour grandir” insiste notre experte.
La sélection de jeux de Pomme d’Api
Pour chaque grande famille de jeux adaptée à l’âge de nos lecteurs, Pomme d’Api vous propose son “coup de cœur” (ou plutôt, celui des enfants de la rédac’, qui ont testé pour vous). Ensuite… À vous de jouer !
Les jeux de construction
C’est la famille des Lego, des Kapla et autre Meccano. Choisissez une technique d’assemblage maîtrisable par votre enfant.
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : la gamme Kubix, de Janod (à partir de 30,99 € les 100 cubes).
Les jeux de “faire semblant”
L’enfant endosse un rôle. Et s’il n’a pas de matériel spécifique, il se le crée ou l’imagine. Un bout de carton devient épée, une serviette de toilette, cape invisible. Pour les commerçants, le monde est divisé en deux : il y a des univers “fille” et des univers “garçon”. À Pomme d’Api, comme dans de nombreuses familles, on connaît une multitude de petites filles qui délaissent les mini-poussettes pour réclamer une panoplie de chef indien. Et une foule de petits garçons ravis de préparer de bons petits plats pour les poupées !
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : l’univers de l’épicerie (Haba). Un peu cher, mais les accessoires peuvent s’acheter à la pièce et venir garnir une épicerie bricolée maison.
Les jeux à thèmes
C’est la famille des figurines. Là aussi, l’enfant fait semblant, mais il est metteur en scène : il fait jouer aux personnages, animaux ou créatures, des saynètes de son invention. Cela sera l’occasion de raconter et d’exprimer beaucoup de choses.
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : la gamme 1.2.3., de Playmobil, très arrondie, très stylisée. Il existe, dans cette gamme, un parc d’animaux (env. 25 €), qui change des habituels zoos, fermes et gares.
Les jeux de société
• Les jeux de mémoire : face aux adultes, les enfants remportent généralement la partie sans difficulté !
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : le classique Pique Plume, un memory amélioré (Gigamic, environ 30 €). Il existe maintenant en version “duel” (env. 25 €), plus adapté aux petites familles.
• Les jeux de hasard : utiles pour faire l’expérience de la défaite ! L’enfant perd, sans être lui-même en cause, c’est seulement “la faute à pas d’chance”. Plus facile à avaler (sauf quand cela tombe toujours sur le même enfant !)
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : la grande loterie des vaches (Vilac, environ 20 €), une variation sur “Le Cochon qui rit”, où le dé est remplacé par une roulette.
• Les jeux collaboratifs : tous les joueurs perdent ou gagnent ensemble. Avantage : on garde donc la tête haute. À noter, dans les grands classiques comme “Le jeu du Loup” (Nathan) ou “Le Verger” (Haba), les petits sont tout excités si le loup ou le corbeau l’emporte sur les joueurs !
♥ Coup de cœur Pomme d’Api : Hop ! Hop ! Hop ! (Djeco, 28 € environ). Ça sent l’orage : vite, vite, tous les joueurs doivent aider la bergère à rentrer ses moutons avant que la passerelle de bois ne s’écroule. Très beau matériel.
Et que penser des “jeux éducatifs” ?
La même grimace se lit sur le visage de nos deux expertes. “Tous les jeux sont éducatifs, résume Anne-Sophie Casal. Mais tous les jeux éducatifs ne sont pas ludiques.” De fait, “J’apprends à lire l’heure” et “Les 7 familles des régions de France” ont de grandes chances de finir au fond du placard (c’est du vécu !) Le jeu, c’est pour se faire plaisir, sans but précis, “pas pour coller aux préoccupations parentales”, insiste Sophie Marinopoulos.
Pour vous repérer dans la jungles des jeux et jouets
• Un blog : kidissimo.blogspot.fr – Jeux, jouets, et même livres et DVD, ici, tout est testé par dix enfants, au moins. De quoi faire le tri entre vraies et fausses promesses des catalogues !
• Un livre : “Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va”, de Sophie Marinopoulos, éd. Marabout.
• Des lieux : de plus en plus de communes sont maintenant dotées d’une ludothèque, le lieu idéal pour jouer et tester des jeux. À Lyon, le Centre du Jeu et du Jouet, où travaille Anne-Sophie Casal, comporte un “Ludopole”, immense espace de jeu ouvert au public (payant). Des endroits très précieux pour se faire conseiller et tester des jeux originaux.