L’entrée en maternelle s’accompagne souvent des premières inscriptions aux activités extrascolaires ! Comment choisir ? Quelles questions se poser avant de s’engager ? Ces conseils de professionnels de la petite enfance vous aideront à trouver ce qui convient, vraiment, à votre enfant.
Une activité extrascolaire, pourquoi ?
Dès l’entrée en maternelle, beaucoup de parents se sentent presque obligés de proposer des activités extrascolaires à leurs enfants. Et s’ils n’en ont pas l’intention, les autres parents se chargent de le leur rappeler : “Tu l’as inscrite à quoi, cette année ?”
“Avec l’entrée en maternelle, constate Chrystelle Gallego, éducatrice de jeunes enfants et directrice de crèche, je remarque chez les parents une grande volonté que l’enfant réussisse, qu’il n’ait pas de lacunes, qu’il apprenne.” Une exigence qui prend le pas sur l’observation de l’enfant. “L’adulte peut impulser des choses, faire découvrir, note la professionnelle, mais il doit aussi laisser le choix à son enfant. Si ce dernier sent une pression parentale, en plus des apprentissages scolaires, cela peut devenir très envahissant pour lui et dénaturer le lien parent-enfant.”
Même constat pour l’orthophoniste Florence Lerouge : “On commence souvent trop tôt avec les activités ! Les parents doivent être au clair avec leurs intentions : ont-ils une volonté de résultats, de performance, de persévérance ? L’enfant est-il demandeur ?” Fabrice rêvait que son fils fasse du judo, une discipline qu’il avait lui-même pratiquée, étant petit. Mais dès la première séance, il a compris que Robin, 5 ans, n’était pas prêt : “Ce n’est pas que l’activité ne lui plaise pas, mais le mercredi, il préfère rester à la maison, jouer avec ses affaires ou dans le jardin.” Son besoin de souffler a été entendu.
À l’inverse, avant même son entrée en petite section, Lucie, 3 ans, voulait faire “de la gym”. Ses parents l’ont inscrite à une séance hebdomadaire de “babygym” et elle en redemande ! “Quand l’enfant est acteur et engagé, quand ça lui fait plaisir, il n’y a pas à hésiter”, encourage la psychomotricienne Pascale Pavy, auteure de La gym des tout-petits (Mango). D’autant que les éducateurs sportifs actuels sont initiés au développement de l’enfant et savent adapter leurs enseignements aux petits.
Une activité extrascolaire, c’est quoi ?
«Certains adultes confondent parfois “activité” et “production”. On attend d’une activité un résultat tangible : apprendre quelque chose qu’on peut reproduire, rapporter un bricolage ou un dessin à la maison… observe Chrystelle Gallego. Mais les apports d’une activité n’ont pas à être visibles !» Pour elle, pas la peine d’avoir d’autre attente que le plaisir : si l’enfant “s’éclate”, c’est parfait. Vu ainsi, on peut envisager les choses autrement : aller au parc ensemble pour jouer au ballon, par exemple, c’est une activité !
«En matière d’activités, je conseille souvent ce que j’appelle des “temps précieux”, explique Pascale Pavy, surtout lorsque les parents trouvent leurs enfants trop agités.» Ce sont des temps partagés, où parents et enfants font quelque chose de ludique avec leur corps : un jeu avec un ballon, une partie de chatouilles sur le canapé, un mouvement de gym ou de yoga… “Lorsque les parents travaillent beaucoup, poursuit la psychomotricienne, l’enfant est en demande de ce genre de moments, mais sans savoir que ça lui manque. Cela n’a pas à être long : 10 minutes par jour, et l’ambiance sera bien plus apaisée.”
Ménager de l’ennui
Dans une société hyperactive, les professionnels de l’enfance, qu’ils soient psychologues ou éducateurs, ne cessent de rappeler les vertus de l’ennui.
Et tant pis si notre enfant vient nous voir toutes les cinq minutes avec cette petite rengaine : “Je ne sais pas quoi faire…, je m’ennuie.” Florence Lerouge reçoit parfois dans son cabinet d’orthophonie des enfants dont le planning est un “enchaînement d’activités incroyable”. Eux n’ont pas le temps de s’ennuyer ! Et elle constate, alarmée : «Ils ne savent plus s’occuper seuls. Pour leurs parents, l’important est qu’ils soient actifs. C’est sûr, ils font plein de choses, mais rien d’eux-mêmes ! Si je leur tends un carton en leur disant “Fais ce que tu veux avec”, c’est le néant.»
Alors, la prochaine fois que vous entendrez : “Je m’ennuie…”, répondez donc : “Tant mieux !” Vive l’ennui qui naît dans les temps qui ne sont dédiés à rien ! L’ennui qu’on assimile trop vite au vide. Or, ce sont bien ce vide et ce rien qui permettent l’émergence de la rêverie, de l’imaginaire, du désir, de l’envie, et donc de la créativité et du jeu libre. Autant de besoins fondamentaux pour le développement de l’enfant.
Activité extrascolaire mode d’emploi
Avant de l’inscrire
•Attention à la durée et aux horaires. 45 minutes, c’est suffisant quand on est en maternelle ! Vérifier l’amplitude de la journée passée en collectivité (8 h-18 h, c’est déjà énorme !) et réfléchir aux allées et venues, aux trajets, surtout quand il y a des frères et sœurs. Le mercredi, c’est taxi ? Gardons du temps pour le jeu libre, dehors et à la maison.
•En début d’année scolaire, il est possible de suivre des séances d’essai. Profitons-en ! On peut emmener son enfant à différentes séances, pour vérifier son envie.
•Un enfant d’âge maternelle sera vite lassé par une activité répétitive : la persévérance ne fait pas beaucoup de sens pour lui. Autant questionner tout de suite l’adulte en charge de l’activité sur le contenu prévu au cours de l’année, pour vérifier qu’il sera varié.
Que choisir ?
•Le centre de loisirs, le centre aéré
Quand on travaille à plein temps, le centre de loisirs s’impose, avec toute la variété des activités qu’il propose. Certes, la vie en collectivité est très fatigante pour un petit, mais les équipes en sont le plus souvent conscientes et permettent de vrais temps libres aux enfants : ils ont le droit de ne rien faire !
•Les éventails d’activités
Multisports, multi-activités, découverte des instruments de musique… Certaines associations proposent des ateliers “touche-à-tout”, axés sur la découverte, qui ne cantonnent pas l’enfant à une discipline et une seule. Il pourra ainsi développer des aptitudes variées, s’essayer à des choses différentes, et affiner ses goûts.
•Bouger son corps
Agilité, équilibre, mais aussi “clown”… L’activité cirque regroupe des disciplines très variées. La babygym, sans esprit de compétition, est comparable à de la psychomotricité. La danse, elle, s’assimile à de l’expression corporelle. Autant de façons de travailler la conscience de son propre corps, la souplesse, la coordination, la confiance en soi.
•Stages et ateliers
Pourquoi se forcer à la régularité ? On peut aussi choisir de cantonner les activités aux périodes de vacances. La plupart des clubs proposent des “stages” ou des “ateliers découverte” pendant les vacances. C’est bien pour vaincre une appréhension de l’eau ou s’initier à la nage, idéal pour monter sur un poney pour la première fois, découvrir l’argile ou le judo, etc. Pensez aussi aux ateliers proposés par les musées, les salles de spectacle (théâtre, danse…), les jardins botaniques… Autant d’occasions de s’ouvrir à de nouveaux univers.
•Faire ensemble, parents-enfants
Le gros avantage des bébés-nageurs, c’est de rassembler parents et enfants autour d’une même activité. Certains clubs s’inspirent de cette tendance et proposent des séances “parents-enfants”. Escalade, cirque, yoga, relaxation… c’est un temps de partage précieux pour tout le monde !