“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

10 idées pour aider les 3-7 ans à se débrouiller tout seuls

L’autonomie de l’enfant ne se décrète pas. Certains petits se lancent avec enthousiasme dans l’apprentissage des gestes du quotidien, d’autres moins. Pour aider votre enfant à “faire tout seul”, voici quelques pistes pour l’accompagner, en douceur.

Moi tout seul !

Ni déjà grand, ni trop petit. Votre enfant est un peu tout cela à la fois… L’aider à faire tout seul, c’est donc du sur-mesure ! Françoise Ceccato, pédiatre à Bordeaux, reçoit des familles très diverses, dans son cabinet et à l’hôpital. “Qu’il est difficile, pour les parents, de trouver un équilibre ! Parfois, on fait tout à la place de son enfant. Parfois, au contraire, on le tient pour plus grand qu’il n’est et on exige de lui beaucoup trop !” Dans les deux cas, le risque, c’est que l’enfant se sente incapable de quoi que ce soit. Or, pour pouvoir faire par lui-même, l’enfant doit se trouver “en sécurité affective et émotionnelle”.

Pour la pédiatre, cela commence par le regard que l’adulte pose sur l’enfant, par l’attention qu’il lui porte. “Il faut être attentif à ce qu’il dit, à ce qu’il fait, à ce qu’il raconte. Ainsi se construira son estime de soi. Aujourd’hui, note-t-elle, les enfants sont moins écoutés et moins regardés qu’avant : les parents sont très occupés, préoccupés, et distraits. Il est important de se ménager des temps privilégiés, au moment du repas, le soir au coucher, pendant le week-end, où les téléphones sont mis de côté, pour faire vraiment quelque chose ensemble.”

Aider son enfant à se construire une belle estime de soi, c’est aussi accepter qu’il apprenne à son rythme et, surtout, à tâtons, par essais-erreurs. “Ouh là, non, repose ce verre, il pourrait se casser !”, “Descends de cette chaise, tu vas tomber !” Si ces prophéties se réalisent, l’enfant en déduira qu’il n’est pas apte ! Or, un enfant apprend par tâtonnements. On ne devient pas autonome en un jour ! Oui, il y aura de l’eau renversée, des vestes mal boutonnées… Mais réfrénons notre envie d’aider l’enfant avant qu’il le demande. Autre conseil de Françoise Ceccato : “Lorsqu’on a une remarque négative à faire  – et c’est notre rôle aussi – attachons-nous à faire également deux remarques positives.” Pour ne pas lui couper tout le temps les pattes… Et préserver sa vitalité qui lui donne envie de toujours aller de l’avant ! Un moteur précieux pour grandir et gagner en autonomie.

“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

10 BONNES IDÉES POUR AIDER VOTRE ENFANT À SE DÉBROUILLER TOUT SEUL :

 1. Je suis cap !

Proposez à l’enfant de se fixer des défis : “Je suis cap de… sauter depuis la troisième marche / suivre une ligne droite en marchant sur le plancher / sauter à cloche-pied jusqu’à… / imiter le crocodile, etc.” Le parent peut également participer. Les défis sont inscrits et numérotés de un à six. On lance un dé : défi n° 2 ! Cap ? L’enfant pourra se réjouir de sa réussite. À l’adulte de glisser des défis auxquels l’enfant n’aurait pas pensé, sans mettre la barre trop haut non plus : dire bonjour en arrivant à l’école, enfiler ses chaussures le matin tout seul…

2. Montre-moi avec précision

Passer une éponge, prendre la balayette… Nous faisons ces gestes de façon mécanique. Pour nos enfants, ils sont nouveaux ! À nous de les leur montrer. Diane Vandaele est éducatrice Montessori 3-6 ans, et coordinatrice de l’Association Montessori de France. “Quand l’enfant renverse son verre, commençons déjà par dédramatiser en disant : « C’est normal, tu apprends. Nous allons réparer ça ! »” Elle conseille de passer alors l’éponge en décomposant tous nos gestes, de façon ralentie, précise et concentrée. L’enfant a besoin de repérer chaque étape : l’éponge est gorgée d’eau, on la presse au-dessus de l’évier… En voyant la succession de ces gestes, l’enfant les “absorbe”. Ensuite, le parent peut inviter l’enfant à refaire lui-même l’action. Bien sûr, il n’y arrivera pas du premier coup : il a besoin de répéter, répéter, répéter… Soyons prêts à lui montrer autant de fois que nécessaire !“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

3. Je participe !

“Quand je dis à des parents : “Votre bébé a un an, il peut vous aider à la maison”, ils ouvrent des yeux ronds. Mais on peut commencer très tôt !” sourit Françoise Ceccato. Un tout-petit de moins de 3 ans peut laver les radis dans une bassine, disposer les chaussettes sur l’étendoir. À 3 ans, il peut mettre au moins son propre couvert à table, faire son lit le matin, ranger ses chaussons, couper les légumes avec un couteau (oui, oui)… Tant pis si la couette n’est pas parfaitement alignée sur le matelas ! “Avoir l’impression d’être utile, ça fait du bien : je compte, j’ai ma place, j’ai envie de participer.” Le rendre acteur de sa vie a des répercussions sur le long terme. “Il me semble important, dans une société où on compte beaucoup sur ce qui sera fait par les autres, d’apprendre à son enfant à compter sur soi.”

4. Je marche !

“L’autonomie, ça passe aussi par les déplacements”, souligne Diane Vandaele, surprise de croiser tant d’enfants de plus de 3 ans en poussette, voire avec une tétine ! Bien sûr, le matin, on est souvent pressés, mais un enfant est capable de le comprendre et d’accélérer un peu le pas, si les parents acceptent, de leur côté, de faire de moins grandes foulées. “Marcher fait partie du développement de l’enfant. Plus il marche, mieux il marchera !” reprend l’éducatrice. Sans compter que ce petit temps d’exercice physique est bénéfique pour bien attaquer la journée de classe.

“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

5. J’ai mon matériel à moi

Difficile d’être autonome quand les meubles sont trop hauts et qu’il faut se tourner vers l’adulte pour attraper les objets… Adaptez votre intérieur simplement : un marchepied pour atteindre l’évier, une patère à la bonne hauteur pour accrocher son manteau et son sac, une petite caisse dans l’entrée pour y glisser ses chaussures et ses chaussons, des rangements accessibles pour les jouets, un tiroir personnel dans la salle de bains avec ses produits d’hygiène à lui… Tout cela contribue à l’autonomie !“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

6. Je n’ai besoin de personne pour… me laver

Un petit gant à la bonne taille, du savon en pain ou en flacon avec poussoir, et maintenant il se lave tout seul. À nous de lui expliquer comment s’y prendre pour ne rien oublier. Et peut-être de vérifier à la fin en posant quelques questions. En sortant du bain ou de la douche, on s’essuie partout et… on ne laisse pas traîner la serviette par terre !

7. Je m’habille tout seul

À l’âge Pomme d’Api, un enfant peut tout à fait choisir ce qu’il va mettre le matin, et s’habiller seul. Pour éviter les choix inadéquats (un short en plein mois de novembre, un col roulé en juin…), charge aux parents de ranger ailleurs les vêtements qui ne conviennent pas à la saison. “On retrouve l’idée de l’environnement préparé, chère à Maria Montessori : l’enfant est autonome dans son choix, mais le choix est volontairement restreint”, explique Diane Vandaele. Et tant pis si vous trouvez que ce pantalon ne se marie pas très bien avec ce pull !“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

8. Le matin, je sais ce que j’ai à faire

S’habiller, prendre son petit déjeuner, se laver les dents, se coiffer, mettre ses chaussures, prendre son petit sac… Le matin, il y a beaucoup de choses à faire et, en général, le temps est compté. Demandez à votre enfant de réfléchir avec vous pour que ce moment se passe au mieux. Une idée : dessiner ensemble sur une grande bande blanche toutes les étapes du matin, et afficher cette liste imagée sur le réfrigérateur. Une petite pince à linge peut servir de repère, et ça permet de visualiser que l’on n’a rien oublié.

9. Petits succès, grandes fiertés

“ L'autonomie à hauteur d'enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.À la fin de la journée, le soir, au moment du coucher, pourquoi ne pas l’encourager à raconter, tel un rituel, ce dont il est fier, ce qui lui a fait plaisir ? “Ce matin, j’ai dit bonjour à la maîtresse.”; ; “J’ai aidé mon grand frère à mettre le couvert.” ; “J’ai pensé à accrocher mon manteau.” Pour montrer aux enfants que les grandes personnes ne sont pas toutes-puissantes, les parents peuvent aussi souligner leurs satisfactions : “J’avais bien préparé ma réunion, je suis contente de ce que j’ai fait.” ; “Tu m’as aidé à cuisiner, on a gagné du temps.” (même si c’est un petit mensonge…). Les plus petits auront du mal à avoir la mémoire de ce qu’ils ont fait. Avec eux, autant leur faire souligner ce qu’ils font au moment où ils le font : “Que fais-tu ?” “J’aide à mettre le couvert.”

10. Parfois, j’aime bien être petit…

Telle petite fille, qui s’habillait de pied en cap tous les matins, cesse soudain de le faire ; tel petit garçon qui rangeait ses jouets dans la caisse les laisse désormais traîner ; telle élève de grande section éprouve à nouveau du mal à quitter ses parents au moment d’entrer en classe… Grandir, c’est fatigant, et parfois, c’est si bon d’être un petit… “Il faut être souple ! Les enfants ont besoin d’être rassurés, cocoonés, câlinés… Et quand ils demandent de l’aide, même pour quelque chose qu’ils savent faire, on peut les écouter.” Bref, évitons de nous écrier : “Arrête de faire le bébé !” et acceptons ces petites rechutes. L’envie de grandir reprendra vite le dessus !

À lire pour aller plus loin : 1 à 3 ans, la grande aventure de l’autonomie ! de Françoise Ceccato, Mango. À paraître, le volume 2 : 3 à 7 ans.

“ L’autonomie à hauteur d’enfant ”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

Couverture du magazine Pomme d'Api n°632, octobre 2018, et son supplément pour les parents.

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