Nos téléphones et nos enfants. Illustration : Pierre Fouillet

Nos téléphones et nos enfants

Nous l’avons (presque) toujours Ă  portĂ©e de main. C’est un objet magique aux yeux de nos enfants (et des nĂŽtres ?) Comment perçoivent-ils nos tĂ©lĂ©phones ? Comment l’intĂ©grer (mais pas trop !) dans notre vie avec eux ? Petites scĂšnes de vie quotidienne.

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014Un objet convoité

Nos tĂ©lĂ©phones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014L’étĂ© dernier, AgnĂšs s’est fait voler son tĂ©lĂ©phone portable. Le coupable ? Son neveu de 6 ans, qui l’avait pris dans son sac Ă  main pour le ranger soigneusement dans sa boĂźte Ă  trĂ©sors. Commentaire de la victime : “J’ai rĂ©alisĂ© Ă  quel point cet objet peut faire envie aux enfants. Ne serait-ce que parce que les adultes y tiennent beaucoup et y consacrent beaucoup de temps.”
BenoĂźt, pĂšre de trois enfants de 7, 3 et 2 ans, complĂšte : “Tant qu’ils n’en connaissaient pas les possibilitĂ©s, nos enfants ne s’y intĂ©ressaient pas. DĂšs lors que nous leur avons montrĂ© qu’on pouvait jouer, colorier, regarder des dessins animĂ©s, ils l’ont rĂ©clamé !”
Nos tĂ©lĂ©phones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014À l’opposĂ©, Marie a bien un tĂ©lĂ©phone, mais elle sait rarement oĂč il est et s’il est chargĂ©. Il laisse ses fils indiffĂ©rents. Bref, par le rapport qu’ils entretiennent avec leur tĂ©lĂ©phone, les parents influencent le comportement de leurs enfants. Ceux qui l’ont toujours en main risquent fort de devoir le partager !

Un téléphone pour se souvenir

“DĂšs que je sors mon smartphone de ma poche, s’amuse Emmanuelle, mĂšre de trois filles ĂągĂ©es de 10, 8 et 2 ans, ma petite derniĂšre prend immĂ©diatement la pose en disant “cheese”. Puis elle vient voir la photo.” Bonheurs quotidiens, rĂ©alisations manuelles, grandes prouesses et petites victoires, nous mettons tout ce que nous vivons de positif dans la boĂźte. Et les enfants le rĂ©clament : “Tu fais une vidĂ©o de moi sur mes rollers ?”

Paradoxalement, rares sont ceux d’entre nous qui s’assurent de la sauvegarde de tous ces souvenirs numĂ©riques, pour l’heure guĂšre maĂźtrisĂ©e. “Si l’on prend trop souvent un enfant en photo, met en garde le psychologue Serge Tisseron ce mois-ci dans le magazine Popi,  il risque alors de penser que ses parents le prĂ©fĂšrent en image plutĂŽt que dans la rĂ©alitĂ©, qu’ils l’aiment plus sur les photos que pour de vrai. Mieux vaut choisir de mettre en valeur ses productions (dessins, peintures
). LĂ , le message est clair : nous t’aimons pour ce que tu fais, pas pour ton image.”

Reste que les enfants revivent avec dĂ©lectation leurs aventures des mois prĂ©cĂ©dents. C’est l’utilisation favorite des plus petits.

Un téléphone pour se divertir

Nos tĂ©lĂ©phones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014À bien y rĂ©flĂ©chir, aucun jouet ne coĂ»te aussi cher que celui-lĂ . On comprend la rĂ©action offusquĂ©e d’une grand-mĂšre : “Vous lui mettez dans les mains un objet qui vaut 500 euros ?” Pour cette raison, BenoĂźt ne prĂȘte son tĂ©lĂ©phone qu’à certaines conditions : “Il faut que les enfants restent bien assis, sinon, c’est terminé !”

Avec l’intuition qui les caractĂ©rise, l’appareil leur est rapidement familier. Ils retrouvent facilement les jeux. “Mes enfants me rĂ©clament souvent mon tĂ©lĂ©phone pour jouer, explique AgnĂšs. J’ai Ă©tĂ© obligĂ©e d’instaurer des rĂšgles, car ça gĂ©nĂ©rait des disputes. Par contre, ça me sert d’alibi : nous n’avons pas de console de jeux, ni de DS, et nous n’en achĂšterons pas : il y a le tĂ©lĂ©phone !”

Un téléphone pour patienter

Une pĂ©diatre en faisait la remarque : “Aujourd’hui, dans ma salle d’attente, les enfants jouent sur des Ă©crans. À mon sens, rien ne peut remplacer la manipulation de vraies piĂšces de puzzle en carton, que l’on peut retourner, tripoter, mĂąchouiller !”

Nos tĂ©lĂ©phones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014Pour les parents, avouons-le, quelle invention gĂ©niale ! “À la maison, c’est rare que je leur permette d’y jouer, explique BenoĂźt, mais dĂšs qu’il faut attendre, on y a recours : dessins animĂ©s, coloriages, jeux, musique
” En train, en voiture, en avion, c’est pratique.

Pascale, qui se dĂ©finit pourtant comme “addict”, modĂšre son enthousiasme : “Je ne peux pas m’empĂȘcher de penser que si j’avais prĂ©vu un livre ou un magazine pour la salle d’attente, ce serait un moment plus sympa pour mon fils et pour moi. On serait ensemble, plutĂŽt que chacun de son cĂŽtĂ©, cĂŽte Ă  cĂŽte. J’ai un peu mauvaise conscience.”

Un téléphone pour
 communiquer

Nos tĂ©lĂ©phones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014La fonction premiĂšre du tĂ©lĂ©phone passe au second plan pour les enfants. Ils l’oublient, mĂȘme. “Toi ? Un tĂ©lĂ©phone ? Mais pour appeler qui ?” s’est exclamĂ©e AgnĂšs lorsque sa fille lui en a fait la demande en
 CE1. La petite a ouvert de grands yeux Ă©tonnĂ©s : “Mais personne !” Elle ne pensait qu’à toutes les autres fonctions que propose l’appareil, comme d’autres rĂ©clament une DS ou une Wii.

Rien d’étonnant Ă  tout cela, tout compte fait : sur les 128 minutes que nous passons quotidiennement sur notre tĂ©lĂ©phone portable, seulement 12 sont consacrĂ©es Ă  des conversations tĂ©lĂ©phoniques. Les enfants intĂšgrent cependant trĂšs vite la notion de “messages”, en oubliant mĂȘme qu’on peut aussi parler avec le tĂ©lĂ©phone : “On envoie un message pour inviter mon copain ?” rĂ©clame Robinson du haut de ses 5 ans.

L’envoi de photos, et, pour les plus Ă©quipĂ©s, les communications vidĂ©o, ont aussi beaucoup de succĂšs. “On se met tous ensemble, et on appelle leur mamie ou leur cousin, explique Pascale, ils sont ravis de se voir !”

Un téléphone qui déconcentre

Comme un tĂ©lĂ©viseur allumĂ© dans une piĂšce, si l’on n’y prend pas garde, le tĂ©lĂ©phone portable happe l’attention de tous. Car il a une vie autonome. Il bipe, il vibre, il s’éclaire, et nous dĂ©concentre : “Houhou ! Tu as reçu un message ! Houhou ! Quelqu’un t’a appelé ! Houhou ! C’est l’anniversaire de ta collĂšgue
”

Il est la porte par laquelle le monde extĂ©rieur, la sphĂšre professionnelle, les sollicitations diverses s’invitent dans notre foyer. Quand il nous sonne, nous accourons, perdant souvent conscience de ce qui est vraiment important Ă  nos yeux. “Papaaa ! À toi de jouer !” Mais Papa vient de recevoir un message et son esprit est ailleurs.

“J’essaie de ne pas le regarder Ă  tout bout de champ, reconnaĂźt aussi Pascale, maman de deux garçons. Il est toujours sur silencieux et hors de leur vue. Je ne l’utilise pas sous leur nez, sinon, ils sont tentĂ©s !” AnaĂŻs a trois enfants et une position arrĂȘtĂ©e : “Ils ne l’ont jamais touchĂ©. J’ai peur de l’influence des ondes sur leur cerveau, et je ne veux pas leur donner le modĂšle de l’adulte avec son portable greffĂ© Ă  l’oreille.”

Quel que soit l’usage que l’on en fait, le pouvoir d’attraction du smartphone nous oblige donc Ă  clarifier notre position Ă©ducative vis-Ă -vis de lui. Quand on y pense
 “Non, mais allĂŽ, quoi !”

Propos recueillis par Anne Bideault – Illustrations Pierre Fouillet
Repas en famille
 et sans stress ! Illustration : Peter Elliot

Repas en famille
 et sans stress !

Il y a des repas en famille oĂč nos nerfs sont mis Ă  rude Ă©preuve. Et quel parent n’a alors jamais rĂȘvĂ© de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider Ă  ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.

Autour de la table, l’impact de nos souvenirs d’enfance


Les enfants Ă  table ! Et si on faisait baisser la pression ? - SupplĂ©ment parents Pomme d'Api - FĂ©vrier 2014 - Illustrations Peter ElliotRien ne cristallise plus notre angoisse de parents que la relation qu’entretiennent nos enfants avec la nourriture. RĂ©action naturelle, animale, puisqu’elle touche Ă  la survie. Mais pas seulement, car dans nos casseroles se mĂ©langent des ingrĂ©dients psychologiques complexes.

Isabelle Filliozat, psychothĂ©rapeute, nous invite Ă  nous interroger sur ce qu’évoque la cuisine pour nous, sur l’image que nous en conservons depuis l’enfance, sur les interdits et les permissions que nous y avons reçus. Qui faisait la cuisine ? Avec plaisir ou ennui et lassitude ? À table, qu’attendaient de nous nos parents ? Tout cela joue – dans un sens ou dans l’autre – sur notre attitude actuelle. Quand on a Ă©tĂ© privĂ© de dessert petit, il peut ĂȘtre difficile de rĂ©primer un “Si tu ne finis pas tes lĂ©gumes, tu n’auras pas de yaourt !” ou, Ă  l’inverse, on peut avoir envie de laisser son enfant ne manger que du sucrĂ©.

Pas facile alors de se dĂ©programmer pour changer d’attitude. Surtout quand il faut imaginer en vitesse un repas aprĂšs une journĂ©e de travail sous pression, tout en gĂ©rant le bain, les devoirs, et la fatigue de la maisonnĂ©e


Au menu, amour ou nourriture ?

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.“Je vais lui faire son petit plat prĂ©fĂ©rĂ©, il m’en dira des nouvelles
”, “J’ai prĂ©parĂ© ce gratin avec amour et personne ne finit son assiette ?”
 Ces phrases, qui ne les a pas prononcĂ©es ? Elles traduisent une attente bien prĂ©cise.

“Inconsciemment, les parents confondent don de nourriture et don d’amour”, notait Maryse Vaillant dans son livre Cuisine et dĂ©pendances affectives. Trop souvent, nous prĂ©parons Ă  manger pour qu’on nous aime ou pour montrer notre amour. Nous en attendons mĂȘme de la gratitude. Nous invitons mĂȘme notre enfant Ă  manger “une cuillĂšre pour Maman, une cuillĂšre pour Papa.” Mais un enfant ne mange pas pour son papa ou pour sa maman, mais pour lui. Rien de neutre dans cette cuillĂšre tendue.

Du refus net
 à la décision de manger

Face Ă  nous, un petit d’homme qui sent toutes nos attentes et
 dĂ©cide que, non, il ne mangera pas. Pas avec les couverts, mais Ă  la main ; pas assis, mais debout ; pas l’entrĂ©e, mais le dessert
 À l’ñge Pomme d’Api, un enfant a beaucoup Ă  prouver. En premier lieu, qu’il est un individu singulier, capable de dĂ©cider. Et donc de refuser, mĂȘme ses aliments prĂ©fĂ©rĂ©s.

Dans le mĂȘme temps, sa curiositĂ© est immense. Mais toutes ces nouveautĂ©s sont difficiles Ă  apprivoiser. Ce qui explique aussi ses refus. Lutter, interdire, forcer – on comprend alors que tout cela est vouĂ© Ă  l’échec.

Les parents, selon Maryse Vaillant, ne devraient pas “convaincre” un enfant de manger, mais “lui en donner la possibilitĂ©â€. En lui permettant de choisir, si nous nous en sentons capables. En acceptant par exemple une pĂ©riode “bananes” (c’est du “vĂ©cu”!), qui peut durer plusieurs jours. Tout autre aliment Ă©tant systĂ©matiquement Ă©cartĂ© avec un non trĂšs ferme. Quel rĂ©gime


Les bonnes maniùres, oui mais


Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.De mĂȘme, face Ă  l’assiette, n’en demandons pas trop d’un coup Ă  nos enfants. À l’image de ce repas de famille oĂč d’appĂ©tissantes tranches de melon avaient Ă©tĂ© disposĂ©es dans chaque assiette. À la vue de ces assiettes, les enfants accourent. Mais une voix sĂšche assĂšne soudain : “On attend que tout le monde soit assis pour commencer !” Étrangement, l’appĂ©tit de certains s’est alors Ă©vanoui, soulevant des commentaires pincĂ©s : “Qu’est-ce qu’ils sont difficiles !”

Eh oui
 c’est difficile pour un petit de se plier Ă  nos bonnes maniĂšres. L’ensemble des rĂšgles de biensĂ©ance s’apprend petit Ă  petit. Aussi, si le repas est vĂ©cu comme un moment de bonheur autour de la table, nous pouvons fermer les yeux sur une petite bouche pleine et trĂšs bavarde


Apaiser les repas : mode d’emploi

On mange quoi, ce soir ? Quel casse-tĂȘte parfois pour Ă©chapper Ă  une crise ou Ă  des nĂ©gociations serrĂ©es autour de la table ! Sans cuisiner non plus un menu Ă  la carte pour chacun, voici quelques suggestions pour varier les goĂ»ts et les plaisirs et inciter les enfants Ă  sortir du purĂ©e-jambon-croque-monsieur-pĂątes. Elles demandent un peu de temps mais peuvent faire baisser la tension. À tester durant le week-end ou les vacances, donc.

Faire la cuisine avec eux

Pour dĂ©velopper leurs sens et leur envie de goĂ»ter, les associer Ă  la prĂ©paration du repas est efficace. Ils en seront tellement fiers ! Équeuter les haricots verts, Ă©cosser les petits pois, couper les pommes en morceaux (oui, mĂȘme Ă  3-4 ans on peut manipuler un couteau), pĂ©trir la pĂąte, voir couler la sauce


Pas la peine de les cantonner Ă  la pĂątisserie, tout leur plaĂźt, le sucrĂ© comme le salĂ©. MĂȘme faire la vaisselle les passionne ! Cela leur prouve que la nourriture n’existe pas sous forme toute prĂ©parĂ©e. Les parents, eux, doivent s’armer de patience et apprendre Ă  repĂȘcher le jaune tombĂ© dans le blanc !

Tester la fantaisie et la surprise

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.Et si on proposait aux enfants un pique-nique sur le tapis du salon ? Et si on faisait un repas orange ? Ou un repas Ă  l’envers, en commençant par le dessert ? Et si les enfants choisissaient le menu aujourd’hui ? Et si l’on faisait un repas qu’on mange avec les doigts ? Enfin, de temps en temps, pour se mĂ©nager une vraie pause entre adultes autour d’un repas, pourquoi ne pas faire manger les enfants avant ?

Les initier aux goûts

SucrĂ©, salĂ©, acide, amer, piquant
 Pas facile de mettre des mots sur ce que l’on sent avec sa langue. Incitez vos enfants Ă  dĂ©crire les goĂ»ts, faites-les parler (“Tu n’aimes pas, mais pourquoi ? Qu’est-ce que ça te rappelle ? Et l’odeur ?
”) Ils adorent les dĂ©gustations Ă  l’aveugle : une chips, un bout de courgette crue, un morceau de fromage
 Devinez ! Et vous aussi prĂȘtez-vous au jeu


Respecter une mĂȘme rĂšgle pour tous

Énoncer clairement la rĂšgle du jeu des repas en famille : chacun goĂ»te Ă  tout, au moins deux franches bouchĂ©es, avant de dĂ©clarer s’il aime ou non. Et la prochaine fois que l’aliment se retrouve sur la table, il goĂ»tera de nouveau
 Attention, ça vaut aussi pour les parents qui n’ont “jamais” aimĂ© le cĂ©leri ! On sera parfois surpris. Bon appĂ©tit !

Deux psys qui ont mis leur nez dans la cuisine

Bien dans sa cuisine, d’Isabelle Filliozat, J.-C. Lattès, 2012

Bien dans sa cuisine, d’Isabelle Filliozat, J.-C. Lattùs, 2012
L’auteure, qui pratique la mĂ©ditation, fait de la prĂ©paration d’un repas une aventure intĂ©rieure. Pour ne plus la vivre comme une corvĂ©e !


Cuisine et dépendances affectives, de Maryse Vaillant et Judith Leroy, Flammarion, 2006
Chaque famille vit au rythme des repas. Les auteurs nous proposent d’en comprendre les enjeux. Tout lecteur s’y reconnaütra par moments.

Anne Bideault – Illustrations Peter Elliot – SupplĂ©ment parents Pomme d’Api – FĂ©vrier 2014
SamSam dĂ©barque au cinĂ©ma le 5 fĂ©vrier !

SamSam dĂ©barque au cinĂ©ma le 5 fĂ©vrier !

Bonne nouvelle pour les fans du plus petit des grands hĂ©ros ! SamSam dĂ©barque le 5 fĂ©vrier sur les Ă©crans dans une aventure inĂ©dite oĂč l’amitiĂ©, la gentillesse et le courage valent mieux que tous les super pouvoirs.

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Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Illustration : Pierre Fouillet

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ?

Dans notre vie quotidienne de plus en plus rapide, la façon dont nos enfants vivent le temps, tantĂŽt ne supportant pas d’attendre, tantĂŽt prenant tout leur temps, met nos nerfs Ă  l’épreuve. Et si nous cultivions ensemble la patience ? La leur
 et la nĂŽtre !

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Patience et longueur de temps


Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Nos questions sur le thĂšme « les enfants et la patience » ont suscitĂ© des cris du cƓur chez les parents interrogĂ©s : « Ce qui me demande un effort, s’exclame Anne, maman de Mona, 3 ans et demi, c’est ma propre patience, pas la sienne ! RĂ©ussir Ă  me plier Ă  son temps à elle plutĂŽt que de la contraindre Ă  Ă©pouser mon rythme à moi, voilĂ  qui m’est difficile ! »

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Renaud, pĂšre de Pierre, 3 ans, et ZoĂ©, 6 ans, balaye mĂȘme le sujet d’un revers de la main : « C’est un non-sens de parler de la patience d’un petit enfant ! Il n’en a pas parce qu’il ne peut pas en avoir ! Quand on les accuse d’impatience, c’est de notre propre impatience que l’on parle, non ? »

Une intuition que confirme Bernadette GuĂ©ritte-Hess, psychomotricienne et orthophoniste. « Le temps, explique-t-elle, n’est pas visible. C’est le concept le plus difficile Ă  comprendre. Seule la diffĂ©rence jour/nuit se voit. Le reste, une heure, une semaine, un an
, tout cela est invisible. Notre temps conventionnel n’existe pas pour l’enfant, qui est incapable d’évaluer ces durĂ©es. Longtemps, la seule diffĂ©rence dont il est capable, c’est “tout de suite” et “pas tout de suite”. La maĂźtrise complĂšte du temps s’acquiert
 en CM2, et encore ! »

Hier, aujourd’hui, demain

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Bien sĂ»r, du stade du nourrisson qui rĂ©clame l’assouvissement immĂ©diat de tous ses besoins, Ă  l’écolier de 10 ans, une Ă©volution se fait. Mais moins vite que l’on veut parfois l’espĂ©rer. Ainsi, note RaphaĂ«l, Ă  propos du plus jeune de ses cinq fils, ĂągĂ© de 4 ans : « “AprĂšs-demain” et “tout Ă  l’heure” sont un peu mĂ©langĂ©s dans sa tĂȘte. Tout ce qui n’est pas le prĂ©sent est assez flou. »

Bref, quand on dit « Attends une minute » ou « Plus tard », un enfant comprend avant tout un refus, car il n’est pas capable de se projeter. DĂšs lors, comment l’aider Ă  accepter d’attendre ?

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014« Lorsque je fais patienter mon fils qui me rĂ©clame quelque chose, relate RaphaĂ«l, je tĂąche de le mettre dans l’action, pour qu’il ne soit pas uniquement en situation passive d’attente, et je m’efforce de lui donner des repĂšres qui lui “parlent” : “aprĂšs le dĂ©jeuner”, “quand on sera arrivĂ© Ă  ce rocher”  »

Autres stratĂ©gies chez AnaĂŻs : « Mes fils expriment leur dĂ©sir spontané (“je veux un yaourt”), sans faire attention au contexte. Dans ma rĂ©ponse, j’essaie de les y sensibiliser : “Regarde, je suis en train de donner le bain
” Je les invite aussi Ă  essayer de trouver eux-mĂȘmes une solution à leur problĂšme. »

Cette maman Ă©tablit aussi une hiĂ©rarchie entre dĂ©sirs et besoins. « S’ils ont faim, j’estime que c’est un besoin Ă  assouvir au plus vite. Par contre, s’ils veulent le feutre rouge qui est dans le tiroir du haut, je trouve que la patience est un apprentissage utile ! »

« Attends, attends ! »

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Aux parents aussi de cultiver la patience pour eux-mĂȘmes. Notamment le matin par exemple, oĂč les quarts d’heure qui prĂ©cĂšdent le dĂ©part Ă  l’école ont le don de stresser les adultes.

Sandrine cherche des conseils pour ne plus ĂȘtre celle qui rĂ©pĂšte sans cesse : « DĂ©pĂȘche-toi ! » en interrompant les jeux passionnants de son fils de 3 ans.

Quand ses enfants lui rĂ©pondent : « Attends ! », AnaĂŻs s’efforce aussi de prendre du recul. Elle se questionne : « Lui ai-je demandĂ© correctement ? Et surtout, est-ce la peine de l’interrompre dans son jeu ou puis-je attendre 2 minutes ? »

Visualiser le temps

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Pour dĂ©samorcer ces Ă©nervements bien naturels, Bernadette GuĂ©ritte-Hess prĂ©conise l’emploi d’une pendule toute simple, dotĂ©e des trois aiguilles (heures, minutes et secondes), bien distinctes (les colorer en bleu, jaune et rouge, par exemple).

« Avec les plus petits, on peut commencer Ă  suivre le tic-tac de la trotteuse, en claquant la langue ou en frappant dans ses mains. Cela les amuse beaucoup. On suit 5 tic-tic, puis on arrĂȘte. »

À partir de 3 ans, cette pendule ainsi que d’autres instruments de mesure comme le minuteur, l’éphĂ©mĂ©ride, le calendrier annuel, permettent de montrer que « le temps, c’est de l’espace » et dĂ©velopper ainsi la prĂ©cieuse pensĂ©e logico-mathĂ©matique.

Et si on cultivait la patience avec nos enfants ? Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment au n°578 de Pomme d'Api, avril 2014Ainsi, un parent qui n’est pas disponible pourra dire : « Regarde, je colle une pastille bleue Ă  cet endroit. Quand l’aiguille bleue (les minutes) y sera, je t’aiderai Ă  faire ton puzzle. » Cela permet Ă  l’enfant d’attendre, car il visualise le point d’arrivĂ©e. À nous de nous engager Ă  ĂȘtre ponctuel !

Cela vaut aussi pour l’enfant qui « traĂźne » beaucoup. On peut ainsi lui dire : « Quand l’aiguille sera sur la gommette, il faudra que tu sois habillĂ©. » Cela le responsabilise, donne un caractĂšre ludique aux prĂ©paratifs du matin, et l’entraĂźne peu Ă  peu Ă  l’anticipation.

Patienter, c’est aussi se rĂ©jouir Ă  l’avance. De l’anniversaire qui approche, du retour de Maman, partie en dĂ©placement toute la semaine, de la visite tant espĂ©rĂ©e de Papi et Mamie, de la tulipe qui sortira un jour du bulbe plantĂ© ce matin, du gĂąteau que l’on mangera une fois que la pĂąte aura bien gonflĂ© dans le four. Tout n’en est que meilleur !

À lire

L’enfant et le temps, de Bernadette GuĂ©ritte-Hess, Ă©d. Le Pommier, 2011.
Fruit de cinquante ans de pratique d’orthophonie et de psychomotricitĂ©, ce livre permet de comprendre comment l’enfant structure sa pensĂ©e, dans et avec le temps. L’auteur donne une multitude de conseils pratiques pour rendre concrĂšte cette notion si abstraite. Presque un jeu d’enfant !

Texte Anne Bideault – Illustrations Pierre Fouillet – SupplĂ©ment Parents Pomme d’Api – Avril 2014