“La douceur fait grandir”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 636, fĂ©vrier 2019. Texte : Isabelle Vial, illustrations : Kei Lam.

La douceur fait grandir

De rĂ©centes Ă©tudes scientifiques montrent qu’un climat Ă©ducatif doux et bienveillant favorise le bon dĂ©veloppement Ă©motionnel et cĂ©rĂ©bral des enfants. Comment, au quotidien, cultiver cette douceur ? Explications et conseils dans le supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api. (suite
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Relations frĂšres-soeurs : quand faut-il s’en mĂȘler ? Illustrations : Peter Elliott

Relations frĂšres-soeurs : quand faut-il s’en mĂȘler ?

Vos enfants se disputent. Vaut-il mieux laisser faire les choses ou intervenir, et de quelle façon ? Les conseils du magazine Pomme d’Api pour comprendre ce qui se noue entre frĂšres et sƓurs et savoir comment rĂ©agir


“Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s'en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016Comprendre les rivalitĂ©s entre frĂšres et sƓurs

“Quand est-ce qu’on le ramĂšne Ă  l’hĂŽpital ce petit frĂšre ?”, “Quoi ? Elle va habiter avec nous maintenant ?”
 C’est sĂ»r, la naissance d’une fratrie est parfois soulignĂ©e par ses membres avec un sens de la formule qui laisse les parents sans voix. Avant que ne soient organisĂ©es des grandes parties de cache-cache, avant que la maison ne rĂ©sonne de fous rires partagĂ©s, les sentiments qui se manifestent les premiers sont rarement les plus tendres.

“Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s'en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016Naturelles et inĂ©vitables, les rivalitĂ©s entre frĂšres et sƓurs reflĂštent une crainte : celle de perdre l’affection de ses parents. Nos dĂ©nĂ©gations (“le cƓur des parents s’agrandit Ă  chaque naissance !”), nos efforts pour consacrer du temps Ă  chacun, peuvent amoindrir mais n’effacent pas cette angoisse existentielle : l’autre enfant, qu’il soit plus grand ou plus petit que moi, que je joue avec lui ou non, que je le cĂąline ou non, est une menace. D’oĂč les soudaines tempĂȘtes lorsque le petit frĂšre est en train de tĂ©ter dans les bras de Maman, d’oĂč les disputes pour savoir qui sera assis Ă  cĂŽtĂ© de Papa, d’oĂč les rĂ©criminations sur le nombre de chips mangĂ©es par l’un ou l’autre au cours de l’apĂ©ritif
 Mais on a beau savoir que c’est naturel, on se passerait volontiers de ces disputes


Ne pas forcer la bonne entente

La plupart des parents nourrissent le doux rĂȘve de construire une famille oĂč tout ne serait qu’harmonie, bonne entente, respect et tendresse. Normal : les tensions, mĂȘme passagĂšres, mettent nos nerfs Ă  rude Ă©preuve et nous coĂ»tent bien plus d’énergie que les moments pacifiques et complices. Pourtant, vouloir Ă  tous crins les faire disparaĂźtre serait une erreur.

“Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s'en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016Forcer la bonne entente, exiger l’affection, c’est empĂȘcher les enfants d’exprimer les Ă©motions qui les traversent. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer un petit bonhomme fraĂźchement devenu grand frĂšre. La famille, les proches se pressent autour du berceau du nouveau-nĂ©, et il se trouve toujours un adulte pour poser la question : “Alors, tu es content d’avoir une petite sƓur ?” En gĂ©nĂ©ral, il n’obtient pour rĂ©ponse que le silence. Voire une fuite dans une autre piĂšce, un dos qui se tourne. Quel dĂ©chirement doit se jouer Ă  l’intĂ©rieur de cette petite personne, tiraillĂ©e entre le dĂ©sir de contenter ses parents qui ont l’air si heureux, et celui d’exprimer ce qu’il a au fond du cƓur !

Pour l’avoir testĂ©e, une autre phrase peut susciter un tout autre comportement : “Alors, c’est pas trĂšs facile, hein, d’avoir une petite sƓur ? Elle t’énerve un peu, non ?” Le visage s’éclaire, le regard, interrogatif, esquisse un sourire, comme soulagé : quelqu’un me comprend, quelqu’un m’autorise Ă  Ă©prouver ce que j’éprouve. La pression tombe. On pourrait mĂȘme poursuivre et ajouter : “Tu n’es pas obligĂ© de l’aimer”, en se fiant Ă  la prĂ©diction de Françoise Dolto : “Libre de dĂ©tester celui qui vient bouleverser son ordre, l’aĂźnĂ© en vient naturellement Ă  faire comme ses parents, Ă  l’aimer.”

Être ferme face aux dĂ©bordements physiques et verbaux

Pour autant, cette autorisation Ă  “ne pas aimer” ne doit en aucun cas ĂȘtre comprise comme la permission de laisser libre cours Ă  ses pulsions agressives. Et c’est lĂ  que le rĂŽle des parents demande doigtĂ© et fermetĂ©. Ils ont Ă  cadrer les dĂ©bordements physiques et verbaux, et doivent intervenir dĂšs lors qu’un de leurs enfants se soumet trop au pouvoir de l’autre.

L’aĂźnĂ©, bien sĂ»r, a de l’ascendant sur les plus jeunes, ne serait-ce que parce qu’il a plus de force physique et joue de son aura de plus grand. Ainsi, HĂ©lĂšne se sent obligĂ©e de reprendre son fils aĂźnĂ©, Ă©lĂšve de CP, qui donne des ordres Ă  son petit frĂšre, en admiration devant lui : “Va me chercher mon feutre rouge ! Ramasse ma feuille !” Les phrases comme : “T’es nul”, “T’es un minus !” doivent systĂ©matiquement ĂȘtre reprises. Mais les plus petits ne sont pas forcĂ©ment les plus faibles, au contraire. Ainsi Sandra se dĂ©sole-t-elle de voir son fils de 6 ans s’effacer devant sa petite sƓur de 2 ans, qui “fait la loi” : “Lorsque je l’ai sur mes genoux, si sa sƓur arrive, il lui cĂšde tout de suite la place. J’ai du mal Ă  lui faire comprendre que lui aussi, il a droit Ă  des cĂąlins, mĂȘme si sa sƓur n’est pas d’accord.” Au terme d’une grosse dispute, Marie a rĂ©uni ses quatre fils ĂągĂ©s de 10 mois Ă  8 ans : “Que vous le vouliez ou non, vous allez vivre ensemble pendant encore au moins dix ans. Autant que ça se passe au mieux, non ?”

Au contact de ses frĂšres et sƓurs, avec lesquels il apprend Ă  partager son lieu de vie, l’attention de ses parents
, l’enfant acquiert bon grĂ© mal grĂ© un savoir-faire social qui lui sera utile : il fait avec l’existence de l’autre. Comme le souligne Nicole Prieur, dans son livre Grandir avec ses enfants (Ă©d. L’Atelier des Parents, 2014) : “La fraternitĂ©, c’est quand la dignitĂ© de l’autre me concerne, quand je reconnais sa valeur.”

Peut-on ĂȘtre juste ?

Mais les parents, chefs d’orchestre de cette partition fraternelle, sont souvent taraudĂ©s par une question : “Comment faire pour ĂȘtre juste, Ă©quitable ?” En cela, les enfants sont prompts Ă  les culpabiliser : “C’est pas juste ! Il a eu plus de sirop que moi ! Il a le droit de lire plus longtemps ! Elle ne met jamais la table !” À travers ces calculs, c’est toujours la lutte pour l’amour exclusif des parents qui se fait jour.

“Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s'en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016Les parents ont tout Ă  gagner Ă  ne pas entrer dans cette tenue de comptes, qui glisse si facilement vers la comparaison. Il faut au contraire marquer les diffĂ©rences en tenant compte des besoins de chacun : “Oui, ton petit frĂšre ne met pas la table, mais Ă  son Ăąge, tu ne la mettais pas non plus. Maintenant, tu as grandi et je sais que je peux te faire confiance.” “Oui, ta grande sƓur a le droit de lire dans son lit. C’est normal, elle a trois ans de plus que toi, et son corps a un peu moins besoin de sommeil.” Chaque situation, chaque rang de naissance a ses privilĂšges et ses inconvĂ©nients. Aux parents de les expliciter Ă  chacun des enfants : les plus petits, voyant ce que peut faire l’aĂźnĂ©, y puiseront l’envie de grandir ; l’aĂźnĂ©, constatant ce dont bĂ©nĂ©ficie encore le plus jeune, prendra conscience du chemin qu’il a dĂ©jĂ  parcouru, des difficultĂ©s qu’il a dĂ©passĂ©es : “Moi aussi, je ne pouvais pas m’endormir sans mon doudou !”

Les liens fraternels se tricotent et mĂ»rissent doucement. Mais quelle force dans la complicité qui en dĂ©coule ! Quelle richesse dans tous ces moments partagĂ©s, quand bien mĂȘme ils sont Ă©maillĂ©s de disputes et de gros chagrins. À la naissance de la petite derniĂšre, ma seconde fille paraissait toute tourmentĂ©e, alors que sa sƓur aĂźnĂ©e rayonnait de joie. Elle a fini par avouer, les larmes aux yeux, “qu’elle ne savait pas ce qu’il fallait faire, quand on Ă©tait une grande sƓur.” “Rien, lui ai-je dit. Rien. Juste ĂȘtre comme tu es, ce sera trĂšs bien.” Hochant la tĂȘte, elle m’avait alors racontĂ© comment elle avait choisi “le doudou pour le bĂ©bĂ©â€ dans le magasin : “Je l’ai pris, je l’ai essayĂ© pour voir si on pouvait le frotter sur son Ɠil. Ça marchait bien, alors j’ai dit Ă  Papa qu’on pouvait l’acheter.” VoilĂ . Elle Ă©tait devenue une grande sƓur.

À lire avec les enfants

  • Un petit frĂšre pour Nina, de Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon, L’école des loisirs.
  • Une journĂ©e inoubliable, de Lola M. Schaefer et Jessica Meserve, Éditions Circonflexe.
  • Le mystĂ©rieux chevalier sans nom, de Cornelia Funke et Kerstin Meyer, Bayard Jeunesse.
    “Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s'en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016

Cet article est extrait du supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de janvier 2016.

“Relations frĂšres-sƓurs : quand faut-il s’en mĂȘler ?” Texte : Anne Bideault – Illustrations : Peter Elliott – SupplĂ©ment pour les parents du n° 599 de Pomme d’Api, janvier 2016
“La philosophie, un jeu d'enfant ?!”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 635, janvier 2019. Texte : Sophie Furlaud, illustrations : Pascal LemaĂźtre.

La philosophie, un jeu d’enfant ? !

ComplĂštement fou de faire de la philosophie avec des petits ? Pas pour Pomme d’Api ! À l’ñge de la maternelle, ses jeunes lecteurs s’étonnent de tout, s’interrogent sur la vie, la mort, la justice et tant d’autres choses
 Comment accompagner leur questionnement et leur donner des outils pour penser par eux-mĂȘmes ?

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Nos coups de cƓur spĂ©cial NoĂ«l

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Des reprises de grands classiques ou des contes dĂ©tournĂ©s, une appli, un livre Ă  lire et Ă  Ă©couter, des BD pour les petits
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SĂ©lection et textes : Anne Ricou et Sophie Furlaud.
“ L'autonomie Ă  hauteur d'enfant ”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 638, octobre 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Charline Giquel.

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L’autonomie de l’enfant ne se dĂ©crĂšte pas. Certains petits se lancent avec enthousiasme dans l’apprentissage des gestes du quotidien, d’autres moins. Pour aider votre enfant Ă  “faire tout seul”, voici quelques pistes pour l’accompagner, en douceur.

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“Nous avons tous besoin de nature”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d'Api n° 630, aoĂ»t 2018. Texte : Anne Bideault, illustrations : Ilaria Faccioli.

Nous avons tous besoin de nature

Roland GĂ©rard est Ă©ducateur nature depuis prĂšs de quarante ans. Cofondateur du rĂ©seau École et Nature, il milite pour resserrer les liens entre l’enfance et la nature. Pomme d’Api lui a posĂ© une question toute simple : “Qu’est-ce que la nature apporte Ă  un enfant ?” RĂ©ponse d’un passionnĂ© engagĂ©.

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