“Vacances en tribu : les sujets qui fĂąchent !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api n°654, aoĂ»t 2020. Illustrations : Muzo.

Vacances en tribu : les sujets qui fĂąchent !

Pour les vacances, tout particuliĂšrement cette annĂ©e, on a une folle envie de grands espaces. Mais aussi de se retrouver, en famille Ă©largie ou avec nos meilleurs amis, tout en maintenant les gestes barriĂšres, pour enfin profiter de chacun ! Petite revue de dĂ©tail des sujets qui fĂąchent, pour rĂ©ussir nos vacances Ă  plusieurs


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Vacances en tribu : kit de survie. Illustrations : Pierre Fouillet

Vacances en tribu : kit de survie

Partir en vacances avec d’autres familles n’est pas de tout repos
 Les uns veulent que les enfants soient couchĂ©s, les autres laissent leur progĂ©niture gambader jusqu’à minuit. Les uns disparaissent au moment de la vaisselle, les autres prennent la direction des opĂ©rations sans admettre de discussion. TĂ©moignages et astuces de parents pour que les vacances ne tournent pas au cauchemar !

“Vacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d'Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletDu cĂŽtĂ© des mauvaises surprises : des tensions autour des modes Ă©ducatifs

Sandrine, quatre filles : « Il y a trois ans, je suis partie avec une amie de longue date et son fils unique du mĂȘme Ăąge que ma petite derniĂšre : 6 ans. Nous avions discutĂ© Ă  l’avance de la rĂ©partition de tĂąches, des chambres, des activitĂ©s, mais je n’avais pas pensĂ© Ă  parler des horaires. Erreur ! Ça a Ă©tĂ© l’horreur : elle tenait Ă  ce que son fils soit au lit Ă  20h30 comme tout au long de l’annĂ©e. Mes filles et moi, nous voulions plutĂŽt profiter des animations du camping et ĂȘtre un peu plus cool que lorsqu’il y a Ă©cole. Sauf qu’il ne fallait pas faire de bruit le soir pour ne pas le rĂ©veiller. Par contre, le matin, il Ă©tait debout Ă  7h30, et sa mĂšre nous reprochait de dormir plus longtemps : il s’ennuyait sans nous ! Je suis revenue Ă©puisĂ©e. »

Denis, trois enfants :  « Mes deux sƓurs et moi, nous avons eu nos aĂźnĂ©s la mĂȘme annĂ©e. Tout naturellement, nous avons dĂ©cidĂ© de partir en vacances ensemble. Mauvaise idĂ©e ! Nous Ă©tions tous dans l’apprentissage d’ĂȘtre parents, avec des conceptions diffĂ©rentes. J’ai dĂ©couvert mes sƓurs assez rigides et elles m’ont trouvĂ© trop souple, trop Ă  l’écoute de notre fille. Ça a Ă©tĂ© difficile pour ma femme qui s’est sentie dĂ©calĂ©e et jugĂ©e. Depuis, d’autres enfants sont nĂ©s, tout le monde s’est assoupli. AprĂšs une interruption de plusieurs annĂ©es, nous repartons en vacances ensemble et ça se passe Ă  merveille ! »

Modes Ă©ducatifs diffĂ©rents : pourquoi sommes-nous si susceptibles ?

“Vacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d'Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet
Les parents de jeunes enfants, surtout quand ils dĂ©couvrent “le mĂ©tier” avec leur premier, sont fragiles. Ils endossent la responsabilitĂ© d’un petit ĂȘtre qui n’est pas toujours Ă  l’image – forcĂ©ment idyllique – de ce qu’ils avaient imaginĂ©. Beaucoup disent Ă  quel point ils trouvent cela difficile, expliquent les psychologues : ils ne s’attendaient pas Ă  ce que ce soit si coĂ»teux en Ă©nergie physique et psychique. Comme Ă  l’adolescence, peu sĂ»rs de soi Ă  l’intĂ©rieur, on se protĂšge avec une carapace qui nous rend parfois agressifs et brusques. Le regard de l’autre est difficile Ă  vivre et nous fait renouer avec la susceptibilitĂ© adolescente. D’autant que les conseils fusent de toutes parts (grands-parents, beaux-parents, frĂšres et sƓurs, proches, mĂ©dias
) : “Ah, si tu le laisses faire, il te mĂšnera par le bout du nez
”, ou “S’il ne dort pas davantage, son cerveau ne se dĂ©veloppera pas correctement
” À force de se sentir jugĂ©s, les jeunes parents sont tellement pĂ©tris de doutes qu’ils n’arrivent plus Ă  penser, Ă  se faire confiance. Il faut se rĂ©pĂ©ter qu’il n’y a pas de certitudes en matiĂšre d’éducation et se garder de prĂ©sager de l’avenir. Pour les vacances, tĂąchons d’ĂȘtre dĂ©tendus. Et si les commentaires des autres nous pĂšsent, laissons passer quelques Ă©tĂ©s avant de partir en groupe !

Du cÎté des bonnes surprises : davantage de temps pour soi et de belles retrouvailles

Élise, deux enfants de 5 et 7 ans : « Nous partons en vacances avec d’autres familles assez rĂ©guliĂšrement depuis que les enfants sont tout petits. Au dĂ©but, on prĂ©voit un sĂ©jour court, un week-end par exemple. Avec certains, ça roule, donc on peut partir plus longtemps, une semaine, voire plus. Pour moi, partir avec d’autres, c’était une Ă©vidence : je l’ai vĂ©cu dans ma propre enfance. Cela donne de la libertĂ© Ă  tout le monde : les enfants font leur vie, ils peuvent aller avec les uns ou les autres, ont accĂšs Ă  davantage d’activitĂ©s
 Je trouve qu’ils en sortent toujours grandis ! Pour les adultes aussi, c’est un temps plus allĂ©gé : les tĂąches se rĂ©partissent, on peut mĂȘme parfois s’octroyer une soirĂ©e en couple ou entre copines pendant que les autres parents prennent en charge la troupe
 Et puis, on se sent soutenus : un de nos enfants a posĂ© longtemps des problĂšmes d’endormissement. Je n’en pouvais plus, je me suis effondrĂ©e un soir, et mes amis m’ont Ă©paulĂ©e. La prĂ©sence d’un tiers est bĂ©nĂ©fique. Au final, on a pu en rire ensemble et dĂ©dramatiser. »

Laurent, un fils de 2 ans et demi : « À l’origine, il s’agit d’une bande de copains de lycĂ©e. Les piĂšces rapportĂ©es et les enfants se sont rajoutĂ©s au fil des annĂ©es, tout naturellement. Nous sommes dĂ©sormais presque 30 Ă  partir ensemble : 15 adultes et 14 enfants ! Pour que cela se passe bien, il est impĂ©ratif de s’organiser. Des Ă©quipes sont constituĂ©es en amont : par groupe de trois, on se charge du choix du menu, de la liste de course et de la prĂ©paration de deux repas par semaine. Tout cela figure sur un fichier partagĂ© sur Internet, de maniĂšre Ă  pouvoir commander un “drive” dans un supermarchĂ© sur place pour les premiers jours. Pour les comptes, un coefficient est attribuĂ© Ă  chaque famille selon le nombre d’enfants, et
 on s’en tire vraiment pour pas cher ! La seule chose qui peut susciter des tensions, c’est l’inertie du groupe. Si bien qu’on a dĂ©cidĂ© que chacun pouvait vivre Ă  sa guise en dehors des repas. Ainsi, personne n’a Ă  attendre que tout le monde soit prĂȘt. On part Ă  la plage, et on verra bien si d’autres nous rejoignent. Nos conceptions de l’éducation sont assez proches et on se fait confiance : ceux qui se proposent gentiment de prendre en charge les enfants appliquent leurs rĂšgles, c’est normal. Partir en grand groupe, c’est un moment de bonheur, de retrouvailles, de partage. C’est aussi la possibilitĂ© de s’offrir la location de trĂšs grandes maisons. Pour nous citadins, avoir de l’espace, ça fait du bien ! Et puis la prĂ©paration des repas pour 30, c’est seulement deux fois par semaine, alors qu’à la maison, cela revient tous les jours ! »
“Vacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d'Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet

8 conseils pour passer des vacances de rĂȘve entre amis

  • Observer ses amis avant de projeter de partir ensemble
    Comment se comportent-ils avec leurs enfants ? Si des choses nous gĂȘnent dĂ©jĂ  quand on ne fait que se croiser Ă  la sortie de l’école ou partager un goĂ»ter, autant renoncer Ă  l’idĂ©e de passer une semaine ensemble !
  • Provoquer une rĂ©union en amont
    “J’ai racontĂ© ma mauvaise expĂ©rience prĂ©cĂ©dente, ça nous a permis d’aborder tous les points.” Des vacances en grand groupe, ça ne s’improvise pas. Les prĂ©parer Ă©vite d’avoir Ă  rĂ©soudre des questions sur place.
  • “Vacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d'Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletLes questions auxquelles il est bon d’avoir rĂ©pondu avant :
    – Qui dort oĂč et avec qui ?
    – Comment est fait le ravitaillement, comment sont Ă©tablis les menus, prĂ©parĂ©s les repas ?
    – À quelle heure les enfants sont-ils couchĂ©s ?
    – Les adultes dĂźnent-ils avec les enfants ou aprĂšs les avoir couchĂ©s ?
    – Va-t-on tout faire ensemble (visiter la grotte, aller Ă  l’accrobranche, etc.) ou chacun a-t-il de la latitude ?
  • Évaluer le curseur de dĂ©penses de chacun
    Si certains envisagent le restau un soir sur deux alors que les autres sont plutĂŽt ric-rac, ça va crĂ©er une gĂȘne.
  • Aborder les points sur lesquels on aurait du mal Ă  s’assouplir
    “Pour nous, le sommeil est primordial, nous tenons vraiment  à la sieste
”
  • Aborder la question de l’autoritĂ©
    – Les rĂ©fĂ©rents adultes seront-ils interchangeables ?
    – Puis-je faire une remarque au fils de ma copine ?
    – Vais-je accepter que mon enfant soit pris en charge par un autre papa ?
  • PrĂ©voir un temps de vacances “entre soi“
     “AprĂšs une semaine en groupe, on apprĂ©cie de se retrouver entre nous.”
  • Rester philosophe !
     Les vacances, c’est aussi sortir du cadre Ă©ducatif habituel.
““Vacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d'Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletVacances en tribu, kit de survie”, supplĂ©ment au n°606 de Pomme d’Api, aoĂ»t 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet

Vacances : l’aventure, c’est partout ! Illustrations : Pierre Fouillet

Vacances : l’aventure, c’est partout !

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrĂ©e belle aventure familiale !

L“L'aventure, c'est partout” - Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - SupplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d'aoĂ»t 2015es grandes vacances, vaste terre d’aventures !

Qu’elles soient fortuites ou suscitĂ©es, les enfants adorent les surprises et “l’extra-ordinaire”, ils y puisent leurs plus grands souvenirs de vacances. Pour vivre une aventure avec des enfants, point besoin de partir au bout du monde ou de payer des entrĂ©es dans un “parc d’aventures” â€‰! Planter la tente dans le jardin a d’ailleurs souvent Ă©tĂ© la rĂ©ponse spontanĂ©e que nous ont faite les parents interrogĂ©s. Car permettre l’aventure, c’est guider ses enfants hors des sentiers balisĂ©s, assouplir les rĂšgles habituellement en vigueur, quitter un instant la routine.

Philippe et AgnĂšs, parents de quatre enfants dĂ©sormais adultes, se rappellent ces nuits passĂ©es sur la terrasse de leur maison : “On sortait les matelas et on dormait tous dehors. On entendait les hĂ©rissons passer. Un soir, on a mĂȘme vu une femelle avec tous ses petits. Merveilleux !” Maxime, qui n’a que sept ans, confie que le meilleur souvenir de sa vie, c’était l’étĂ© dernier, quand, au lieu d’aller se coucher, il est retournĂ© sur la plage Ă  la nuit, avec sa tante, pour regarder les Ă©toiles “jusqu’à minuit !” Et il dĂ©crit avec prĂ©cision ses sensations : le bruit doux de la mer, le ciel immense et enveloppant, le vent chaud, le sable sous son corps allongé  Un moment engrangĂ© pour toujours.

L’exceptionnel n’est pas toujours oĂč on le croit !

Les enfants ne portent pas sur le monde le mĂȘme regard que les adultes, comme en tĂ©moigne ce rĂ©sumĂ© des vacances adressĂ© Ă  une mamie sur une carte postale : “Dans le train de nuit, on est allĂ© faire pipi. Au fond des toilettes, on voyait les rails.” L’exceptionnel n’est pas toujours oĂč on le croit ! L’imprĂ©vu, voire la tuile, Ă  laquelle doivent faire face les parents peut ĂȘtre vu par les enfants comme une aventure : la panne de voiture, l’orage, la correspondance manquĂ©e
 C’est un ressort dont on peut user, pour faciliter la traversĂ©e de situations dĂ©licates. Ainsi Marine, peu sĂ»re du sentier empruntĂ©, avait inventĂ© tout un scĂ©nario pour que son fils continue de marcher d’un bon pas : “On dirait qu’on serait des aventuriers qui n’auraient plus Ă  manger. Il faut absolument qu’on arrive avant la nuit Ă  une route goudronnĂ©e. Courage !”

L’aventure, petite ou grande, rĂ©elle ou encadrĂ©e, Ă©veille chez l’enfant le goĂ»t de la dĂ©couverte, le dĂ©sir d’aller vers l’inconnu, et permet Ă  ceux qui l’accompagnent de partager avec lui Ă©motions et expĂ©riences. Pour le pĂ©dopsychiatre Daniel Marcelli, qui a consacrĂ© une Ă©tude entiĂšre Ă  la surprise, “tolĂ©rer l’incertitude, accepter l’inattendu ou l’insolite sont des prĂ©conditions indispensables pour investir son proche environnement et dĂ©velopper des capacitĂ©s d’apprentissage.”Ainsi, grĂące Ă  nos enfants, l’extraordinaire et l’aventure sont partout, mĂȘme au bout Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrĂ©e belle aventure familiale ! du jardin. Et nous sommes tous des aventuriers ! Toute la rĂ©dac’ attend donc vos cartes postales de vacances !

Vacances en famille : tĂ©moignages et rĂ©cits

HélÚne, mÚre de trois filles de 8 ans, 5 ans et 1 an, passe avec sa famille des vacances relativement classiques. Mais il suffit de peu de chose pour rompre avec le quotidien


“L’étĂ© dernier, avec un nourrisson, les vacances n’avaient rien de trĂšs original. Nous avions louĂ© un bungalow dans un camping en Gironde. Mais un soir aprĂšs le dĂźner, j’ai chuchotĂ© Ă  ma fille aĂźnĂ©e : “Viens, on file !” Nous avons parcouru avec nos vĂ©los les 4 km qui nous sĂ©paraient de l’OcĂ©an, Ă  travers la pinĂšde. Assises ensemble sur la plage, nous avons regardĂ© le coucher de soleil. C’était un beau moment : elle Ă©tait fiĂšre d’avoir eu le privilĂšge de ne pas se coucher, d’ĂȘtre seule avec moi, sans ses sƓurs, et de faire du vĂ©lo la nuit. J’ai dĂ©couvert son cĂŽtĂ© contemplatif, ça m’a fait plaisir.”

Sylvie et BenoĂźt sont des aventuriers dans l’ñme. Quand leur fils aĂźnĂ© avait un an, ils ont fait avec lui un tour du monde Ă  vĂ©lo. Depuis, ils ont eu trois enfants (8 ans, 5 ans et 3 ans), et se gardent toujours le droit de proposer Ă  leurs trois enfants “des trucs un peu fous fous”.

“L’étĂ© dernier, on a parcouru le Luberon Ă  vĂ©lo. Un aprĂšs-midi, on a mangĂ© des glaces tellement bonnes qu’on a promis Ă  nos enfants de revenir le soir pour le dessert. Sauf que
 il n’y avait pas de camping dans ce village ! Mais nous Ă©tions bien rĂ©solus Ă  y dormir quand mĂȘme. Le glacier nous a indiquĂ© un endroit assez plat et dĂ©gagĂ©, rien d’officiel. On a attendu la tombĂ©e de la nuit pour monter la tente, en demandant aux enfants de ne pas faire trop de bruit pour ne pas dĂ©ranger les riverains. Ils avaient vraiment le sentiment de faire quelque chose d’interdit. Nous avons dĂ» apaiser leurs craintes, en expliquant que si l’on respectait les lieux, on n’avait aucune raison d’ĂȘtre chassĂ©s. L’aventure, c’est aussi ça : laisser la porte ouverte Ă  la flexibilitĂ©, pour montrer que ce qui n’est pas planifiĂ© n’est pas forcĂ©ment moins bien. Ça peut mĂȘme ĂȘtre mieux : nous avons mangĂ© deux fois des glaces !”

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrĂ©e belle aventure familiale ! Jean-Philippe emmĂšne chaque Ă©tĂ© ses petites citadines camper Ă  la montagne. Il a Ă  cƓur de leur transmettre ce que ses parents lui ont appris quand il Ă©tait petit : observer la nature, dĂ©couvrir ce qui peut nous ĂȘtre utile, respecter ces biens communs.

“Je suis l’inverse d’Indiana Jones. L’aventure, pour moi, ce n’est pas le deltaplane, les sports extrĂȘmes, mais le calme, la lenteur, l’observation, l’explication. On soulĂšve un rocher, on observe les insectes, les limaces, on les prend dans sa main, puis on remet tout en place. On consacre du temps Ă  la prĂ©paration du feu de camp : quelles pierres choisir, comment les disposer ? Brindilles, pommes de pin, petit bois, bĂ»ches : dans quel ordre va-t-on les allumer ? Et si on fait chauffer une pierre plate dans le feu, on y fera griller des choses : poivron, jambon
 Mes filles s’éclatent. Puis on s’allonge pour regarder le ciel. Le paysage est diffĂ©rent, la nuit. Les couleurs changent, les bruits aussi
 Elles sont attentives Ă  tout cela, et je le constate mĂȘme le reste de l’annĂ©e.”

Enfants et adultes n’ont pas la mĂȘme perception de l’aventure. Claire en a fait l’expĂ©rience avec ses deux filles, de 4 et 7 ans. Ce qui fut pour elle un vrai pĂ©pin pendant un voyage, se transforma en une belle Ă©popĂ©e pour ses filles.

“Cet Ă©tĂ©-lĂ , je traversais la France du Nord au Sud, de la Normandie aux PyrĂ©nĂ©es. À Paris, nous devions monter dans un train de nuit, chose dĂ©jĂ  trĂšs excitante. Mais au lieu de partir Ă  22 heures, le train n’a quittĂ© le quai qu’à 1h30 du matin. Le cauchemar pour moi, l’aventure pour mes filles ! Je garde en tĂȘte l’image de la plus petite, allongĂ©e Ă  mĂȘme le sol de la Gare d’Austerlitz. La grande se prenait fiĂšrement en charge, avec son sac Ă  dos, me proposant son aide
 Au petit matin, je n’avais rien Ă  leur donner Ă  manger. La SNCF nous a distribuĂ© des Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrĂ©e belle aventure familiale ! boĂźtes de pĂątĂ© et du cafĂ© qui chauffe tout seul
 Toutes ces choses Ă©tranges les ont fait rire et leur ont beaucoup plu !”

CĂ©cile et Dominique ont deux filles jumelles. Amateurs de montagne, ils les ont emmenĂ©es dormir en refuge. 

“L’aventure, ça se mĂ©rite ! La nuit au refuge Ă©tait l’aboutissement d’une journĂ©e complĂšte de marche, dont nous avions sous-estimĂ© la longueur. Heureusement qu’il y avait des marmottes Ă  la fin du parcours pour motiver nos filles ! Elles n’avaient que 4 ans et portaient vaillamment leurs petits sacs Ă  dos. Pour elles, trouver une maison oĂč dormir dans cet endroit paumĂ©, c’était extraordinaire. Tout autant que de manger une soupe en plein Ă©tĂ© Ă  18h30 ! Elles ont tout visitĂ©, excitĂ©es Ă  l’idĂ©e de dormir tous dans la mĂȘme chambre. La gardienne Ă©tait trĂšs surprise de voir de si petites filles, elle nous a mĂȘme pris en photo ! Le lendemain, la fatigue s’est fait sentir, et elles ont terminĂ© sur nos Ă©paules. Mais depuis, dĂšs qu’on va Ă  la montagne, on ne coupe pas Ă  la nuit en refuge !”

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrĂ©e belle aventure familiale !

“L’aventure, c’est partout !” – Dossier rĂ©alisĂ© par Anne Bideault – Illustrations Pierre Fouillet – SupplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’aoĂ»t 2015
Tous dehors ! - Illustration Pascal LemaĂźtre.

7 idées pour découvrir la nature en famille

Nos modes de vie nous font perdre de plus en plus le contact direct avec la nature. Pourtant, celui-ci est vital, a fortiori pour les enfants. Alors, en avril, la rĂ©daction du magazine Pomme d’Api vous emmĂšne au grand air pour l’explorer et la dĂ©couvrir en famille !

La nature
 loin de la campagne aussi !

En France, 60 % de la population rĂ©side dans les grands pĂŽles urbains, oĂč la densitĂ© de population dĂ©passe les 800 habitants par km2
 Cela en fait, des enfants qui grandissent loin de la campagne ! Pour autant, mĂȘme dans un espace urbain ou pĂ©riurbain, la nature est prĂ©sente. Mais on a tendance Ă  ne pas la voir. C’est pourtant bien elle qui se montre, lĂ , dans le parc, dans les bourgeons des arbres de l’avenue, mais aussi dans les herbes qui poussent entre les dalles, dans les nuages qui parcourent le ciel entre les toits, dans la pluie qui nous surprend, le coup de vent qui nous met de la poussiĂšre dans les yeux, dans ces champignons invisibles qui font boursoufler le bitume du trottoir
 “Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.

Tous dehors !

“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.Profitons de ce dĂ©but de printemps pour ĂȘtre plus attentifs Ă  la nature. Ouvrons les yeux de nos enfants et laissons-nous ouvrir les yeux par leur regard curieux. Car, qu’elle soit contrainte en ville, domestiquĂ©e dans le jardin, ou vaste Ă  la campagne ou Ă  la montagne, la nature est un irremplaçable terrain de jeux. Les enfants peuvent y jouir d’une libertĂ© inhabituelle pour courir sans retenue, escalader, observer, explorer, questionner. C’est le lieu de la fatigue physique et du grand air, on peut y Ă©prouver de grandes Ă©motions (la peur, la joie, l’excitation), y surmonter des obstacles (“J’ai touchĂ© la limace !”), faire d’innombrables dĂ©couvertes et dĂ©velopper son sens de l’observation ou de la contemplation. C’est aussi le lieu oĂč les parents doivent parfois dominer leurs apprĂ©hensions pour laisser leurs enfants prendre le risque de grimper aux arbres, de s’écorcher les genoux. Et tant pis si les vĂȘtements reviennent sales et les chaussures crottĂ©es !

Enfilez bottes et cirĂ©s, attrapez un bocal, un sac, un canif, et
 dehors avec ces 7 idĂ©es de la rĂ©daction de Pomme d’Api.

Organiser une chasse aux trésors

Avant de partir en promenade et d’envoyer vos enfants en mission, imaginez avec eux ce qu’ils devront rapporter. Les parents motivĂ©s peuvent mĂȘme Ă©tablir une petite “fiche mission” avec une liste illustrĂ©e de dessins ou de photos. Veillez Ă  limiter leur collecte à une seule feuille par arbre ou par buisson visité !

Exemples d’Ă©lĂ©ments Ă  rapporter :

  • une coquille d’escargot
  • un insecte
  • une feuille piquante
  • une feuille aux bords arrondis (lobĂ©e)
  • une feuille dentelĂ©e
  • une feuille Ă  poils (velue)
  • une feuille lisse
  • un fruit (grandes discussions en perspective sur ce qu’est un fruit !)
  • une graine, etc.

Fabriquer un herbier

De retour Ă  la maison, vous pourrez confectionner ensemble un herbier. Si personne parmi vous ne sait distinguer un tremble d’un bouleau, un hĂȘtre d’un charme, quelle importance ? Il s’agit d’abord d’observer que toutes ces feuilles sont diffĂ©rentes, de garder un souvenir de cette journĂ©e (“Herbier du jour oĂč
”), et peut-ĂȘtre de comprendre que c’est ainsi qu’ont commencĂ© les botanistes pour classifier et nommer les espĂšces. S’ils veulent aller plus loin, vous chercherez et apprendrez ensemble !“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.

Classer, collectionner

Se promener avec des enfants, c’est prendre le risque de voir leurs blousons s’alourdir, s’alourdir
 au grĂ© des trĂ©sors ramassĂ©s et fourrĂ©s dans les poches. Cailloux, glands, feuilles, bĂątons, brindilles
 les petits aiment les collections ! Et c’est tant mieux ! Peu importe que vous vous y connaissiez ou non. Montrez-leur aussi oĂč dĂ©nicher ce qu’ils n’ont pas vu : les spores de la fougĂšre collĂ©es sur la face cachĂ©e des feuilles, celles des champignons qui tombent de leur chapeau quand on le tapote (placer une main ou un papier en dessous, pour le vĂ©rifier). Une fois rentrĂ©s, proposez Ă  vos enfants de classer leurs trouvailles par tailles, par couleurs, par formes
 “Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.

Écouter, sentir

Allongeons-nous par terre (ou asseyons-nous sur une pierre si c’est mouillĂ©), fermons les yeux et
 chut ! Laissons passer un petit instant. A-t-on entendu quelque chose ? Des bruits de la nature ou des bruits de l’homme ? Les yeux toujours fermĂ©s, concentrons-nous cette fois sur l’odorat : est-ce que ça sent quelque chose ? Une fois ce temps contemplatif terminĂ©, on peut mettre les enfants au dĂ©fi : saurez-vous vous dĂ©placer sans faire de bruit, comme un chat ou un petit Indien ? Pas facile ! Et si on a vraiment l’ouĂŻe fine : au dĂ©but du printemps, collez votre oreille contre un arbre, de prĂ©fĂ©rence Ă  l’écorce lisse et fine (cerisier, platane, marronnier). Vous entendez ? C’est la sĂšve qui monte ! VĂ©ridique ! Si vous avez la chance de bien connaĂźtre un mĂ©decin, faites-vous prĂȘter un stĂ©thoscope, le son est encore plus net.

Voir une chenille se transformer

Observez les plantes au bord du chemin. Y voyez-vous des chenilles ? Dans ce cas, prĂ©levez le plant avec ses racines et ses occupantes. Placez-le dans un grand bocal fermĂ© (si les chenilles sont de diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s, c’est encore mieux). De retour Ă  la maison, remplacez le couvercle du bocal par une gaze. Veillez Ă  ce que le plant reste humide en l’humectant de temps Ă  autre avec un vaporisateur. Si les chenilles ont mangĂ© toutes les feuilles, il faudra retourner leur en cueillir de la mĂȘme sorte. Vous aurez la chance de voir les chenilles tisser leur cocon, se transformer en chrysalides puis
 en papillons (que vous relĂącherez bien sĂ»r !)“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.

Observer les coccinelles

“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.La coccinelle ravit les petits. Ils osent la laisser courir sur leur main, alors que d’autres petites bĂȘtes les intimident
 En revanche, dĂ©trompez-les : le nombre de points n’indique pas l’ñge, mais simplement qu’il s’agit d’une des cent espĂšces diffĂ©rentes que l’on trouve en France. Une coccinelle vit rarement plus d’un an.
Bon Ă  savoir : rares sont les insectes dangereux, et on peut tout Ă  fait prendre un scarabĂ©e ou une sauterelle dans sa main. C’est l’occasion aussi de compter les pattes : une araignĂ©e n’est pas un insecte, car elle a 8 pattes et non 6 !

Se dĂ©crotter “utile”

En rentrant de balade, les chaussures sont souvent Ă  nettoyer. DĂ©crottez-les avec vos enfants en recueillant la terre dans une petite soucoupe. Arrosez lĂ©gĂšrement chaque jour. Vous aurez la surprise de constater que
 ça pousse ! C’est d’ailleurs ainsi que certaines graines sont transportĂ©es d’un continent Ă  l’autre.

Des livres pour aller plus loin

“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.
Au secours ! Mes petits-enfants débarquent ! Comment faire découvrir la nature aux enfants ? Louis Espinassous, Frédéric Lisak, éditions Plume de Carotte.
Louis Espinassous (dont diverses vidĂ©os sont consultables sur le net) se consacre depuis des dĂ©cennies Ă  l’éducation Ă  l’environnement. Il a rassemblĂ© dans ce guide Ă©patant une multitude des activitĂ©s qu’il propose lors de ses sorties, et dont certaines figurent dans cet article. Contrairement Ă  ce que le titre laisse entendre, il convient aussi aux parents et aux enseignants.
Au fil des six chapitres (au jardin, en ville, en chemin, dans les bois, au bord de l’eau, Ă  l’aventure), l’auteur – éducateur “nature”, biologiste, ethnologue, conteur
 – liste astuces, petits bricolages, anecdotes, et distille un savoir accessible et dĂ©complexĂ©. Des pictos indiquent aussi la saison la plus appropriĂ©e pour chaque activitĂ©. Si vous voulez faire une clarinette avec une tige de pissenlit, apprendre Ă  distinguer un papillon de jour d’un papillon de nuit, vous rafraĂźchir la mĂ©moire en redĂ©couvrant comment faire une poupĂ©e avec un coquelicot
 ce guide est fait pour vous !

Hello Nature, Nina Chakrabarti, éditions Seuil Jeunesse.
Un gros livre qui mixe connaissance, activitĂ©s, coloriages. À partir de 5 ans.

OĂč se cachent-ils ? Emily Bornoff, Ă©ditions Casterman.
Un album sur le principe d’un “cherche et trouve” des animaux rares ou en voie de disparition, accompagnĂ© d’une double page documentaire Ă  la fin. À partir de 3 ans.

Imagier des saisons, Pittau & Gervais, éditions Les Grandes Personnes.
Des pages avec des rabats sur les quatre saisons, des fleurs en boutons aux flocons de neige, en passant par les animaux à poils ou à plumes. À partir de 3 ans.

“Tous dehors !”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017.
Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal LemaĂźtre.
“Quelle place pour les Ă©crans cet Ă©tĂ© ?”, supplĂ©ment pour les parents du magazine Pomme d’Api n°653, juillet 2020. Illustrations : Charline Giquel.ï»ż

Quelle place pour les Ă©crans cet Ă©tĂ© ?

Pendant la pĂ©riode du confinement, les Ă©crans sont devenus indispensables, pour travailler, garder le lien avec nos proches et
 occuper nos enfants ! Cet Ă©tĂ©, la question de la place des Ă©crans prend une dimension nouvelle. Comment doser notre consommation et celle de toute la famille, aprĂšs cela ?

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En juin, Margaud Liseuse a choisi de nous prĂ©senter “Ours et le murmure du vent”, un album de Swann Meralli Pizar (Ă©d. Albin Michel) et “Veux-tu ĂȘtre mon ami ?”, un album de Susanna Isern et Ana Sender (Ă©d PĂšre Fouettard).

“Ours et le murmure du vent” et “Veux-tu ĂȘtre mon ami ?”

Margaud Liseuse et la rĂ©daction du magazine Pomme d’Api vous conseillent deux livres pour enfants chaque mois. À dĂ©couvrir en vidĂ©o en juin 2021


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