Câest la premiĂšre rentrĂ©e de votre enfant en maternelle ? Ces conseils dâune professeure des Ă©coles vous aideront Ă le rassurer et Ă vivre sans stress ce moment si important pour votre petit Ă©colier.
Avant le jour J : parler de lâĂ©cole

Avec votre enfant, comptez les jours qui le sĂ©parent de la rentrĂ©e en faisant des croix sur un calendrier. MĂȘme si, Ă trois ans, il nâa pas encore la notion du temps, ce sera lâoccasion de parler de lâĂ©cole. Avec des mots simples et concrets, on peut lui dĂ©crire ce quâil y fera : « Ă lâĂ©cole, dans une journĂ©e, il y a beaucoup de moments diffĂ©rents. Les enfants sont parfois rĂ©partis en petits groupes et parfois tous ensemble. Avec la maĂźtresse, tu vas Ă©couter des histoires, chanter des chansons, apprendre Ă tenir un crayon, te faire des copains, dĂ©couvrir des jeux quâil nây a ni Ă la maison, ni Ă la crĂšche. Tous les jours, tu feras de la gymnastique, tu tâamuseras dans la cour et tu feras la sieste dans un petit lit, oĂč tu peux soit dormir, soit juste te reposer. » Il ne faut pas non plus trop idĂ©aliser lâĂ©cole (« ça va ĂȘtre gĂ©nial, tu vas adorer ! »), il risquerait dâĂȘtre déçu. Il existe beaucoup dâalbums qui parlent de la rentrĂ©e en maternelle. En lire ensemble peut lâaider Ă se faire une idĂ©e de ce qui lâattend.
Lâinviter Ă grandir
Il faut aussi saisir toutes les occasions pour lui donner lâenvie de grandir. On peut commencer doucement, en apprenant Ă se moucher, Ă manger et sâhabiller un peu tout seul, Ă ne recourir Ă la tĂ©tine et au doudou que dans le lit⊠Tous ces dĂ©tails vont lui donner le sentiment quâil est prĂȘt pour aller Ă lâĂ©cole. Je sais que ce nâest pas toujours facile pour les parents eux-mĂȘmes ! Certains continuent dâappeler leur enfant « mon bĂ©bĂ© ». Dans ma classe, je tiens le discours inverse : « Vous nâĂȘtes plus des bĂ©bĂ©s. Les bĂ©bĂ©s sont Ă la crĂšche ou chez la nounou. Vous ĂȘtes mes grands et vous savez faire plein de choses. » Ils sont fiers. La classe de petite section sert Ă cela : Ă grandir, Ă ĂȘtre autonome pour devenir un Ă©lĂšve.
Et les couches alors ?
Rares sont mes collĂšgues qui le font, mais jâaccueille parfois des petits qui ont encore besoin de couches. Je ne les prends alors que le matin, car pour la sieste, câest trop compliquĂ©. En gĂ©nĂ©ral, lâeffet dâentraĂźnement joue et ils sont rapidement propres ! Je ne veux pas que la propretĂ© soit un enjeu pour lâentrĂ©e en maternelle, sur le mode de lâultimatum : « si tu nâes pas propre, tu ne pourras pas y aller. » Autre chose : les toilettes communes « coincent » certains enfants qui se retiennent alors toute la journĂ©e ou Ă lâinverse, se remettent Ă faire pipi dans la culotte. Dans ce cas, il faut le signaler afin de trouver un moyen de leur assurer un peu dâintimitĂ© le temps quâils sâhabituent Ă cet aspect de la collectivitĂ© !
Entendre ses craintes
Le rĂŽle des parents est aussi de rassurer lâenfant en acceptant quâil ait des inquiĂ©tudes, sans les minimiser. En particulier lorsque câest lâaĂźnĂ© de la famille, on peut lui dire : « Câest normal dâavoir un peu peur ou de se sentir triste. Câest nouveau pour nous deux, on va dĂ©couvrir tout cela ensemble. » En revanche, mĂȘme si câest souvent le cas, ne mentionnez pas le fait quâil y a des enfants qui pleurent, cela lâinquiĂ©terait inutilement.
Ăa y est, câest aujourdâhui !
Souvent les rentrĂ©es sont Ă©chelonnĂ©es pour permettre un accueil personnalisĂ©. Si cela vous est possible, organisez-vous pour quâau moins un parent puisse ĂȘtre prĂ©sent ce jour-lĂ .
Je conseille aussi de laisser lâenfant choisir un objet de la maison : doudou, tĂ©tine⊠Et surtout, nâhĂ©sitez pas Ă entrer dans la classe ! Vous avez environ une heure devant vous pour vous familiariser ensemble avec les lieux, jouer Ă un jeu, faire un puzzle ou un dessin⊠Bon Ă savoir : vous ĂȘtes bienvenus dans la classe Ă tous les niveaux de maternelle. Une occasion Ă saisir pour faire passer certaines informations Ă lâenseignant : une nuit difficile, une contrariĂ©tĂ©, un endormissement dĂ©calĂ©âŠ
Savoir se quitter
Le pire, pour nous, ce sont les parents qui quittent la classe en catimini. Non, il ne faut pas chercher Ă protĂ©ger son enfant en lui taisant des choses. Un enfant qui se retrouve Ă la cantine sans avoir Ă©tĂ© prĂ©venu le vit mal. Sa journĂ©e se passera sereinement sâil est au courant de ce qui va lui arriver : qui vient le chercher, Ă quelle heure⊠Je sais que la sĂ©paration est dure pour tout le monde, surtout si lâenfant pleure. Je conseille aux parents de lâanticiper aussi : « Je joue encore un peu avec toi puis je mâen vais et je reviens ce soir te chercher. » Quant Ă ceux qui pleurent, il faut bien sĂ»r leur dire au revoir puis faire confiance Ă lâenseignant(e). Il est trĂšs rare quâun enfant pleure toute la matinĂ©e. Il y aura toujours quelque chose pour accrocher son attention : une chanson, une comptine⊠Le soir, sâil ne vous raconte rien de sa journĂ©e, tant pis ! Ne le harcelez pas de questions, il aurait lâimpression que quelque chose ne va pas. Et anticipez sa fatigue : le rythme est souvent Ă©puisant et il vaut mieux avancer lâheure du coucher.
Interview de Lucie Lagardette, professeur des écoles.
Propos recueillis par Anne Bideault
pour le Cahier Parents de Pomme d’Api de septembre 2013.