Ça y est, lʼété est là ! Parmi les plaisirs que lʼon rêve de retrouver – cette année plus que jamais après la fermeture prolongée des piscines –, il y a bien sûr la baignade. Que votre enfant soit déjà à l’aise dans l’eau ou qu‘il refuse d’y mettre les pieds, ces conseils de Pomme d’Api vous permettront d’en profiter ensemble pleinement et en toute sérénité.
“La crainte de l’eau ne doit pas être minimisée”
On l’a attendu avec eux, ce moment où l’on glisserait les maillots dans le sac de piscine ou le masque dans le panier de plage ! Pourtant, une fois devant le bassin ou les pieds dans le sable, tous les enfants ne foncent pas tête baissée vers l’eau. “Louise (4 ans) peut rester toute la journée sur sa serviette sans jamais vouloir seulement se tremper les pieds”, raconte Maël, papa de trois enfants dont l’aînée “a toujours eu de l’appréhension devant la mer”. Pour ce Breton déraciné qui rêve de transmettre son amour de la baignade, c’est un peu frustrant…
“Pour se jeter à l’eau, chacun son tempo !” rebondit la psychologue Camille Bacle, membre du jury de la Conférence nationale de consensus sur l’aisance aquatique. Comme toutes les craintes, ajoute-t-elle, “la crainte de l’eau ne doit pas être minimisée”. On peut inviter notre enfant à se mouiller, à entrer dans l’eau bien sûr, “mais n’essayez jamais de le forcer ou, pire, de le surprendre, au risque qu’il se bloque”.
Surtout, complète la psychomotricienne Mauricette Guinaudeau, “n’exigez pas de votre enfant quelque chose que vous n’êtes pas capable de faire vous-même, comme mettre la tête sous l’eau ou sauter, par exemple”. Avouant n’être pas très à l’aise elle-même dans l’eau, la psychomotricienne nous encourage plutôt à partager notre appréhension pour l’élément : “Votre enfant va de toute façon la sentir, à votre tonus notamment, quand vous le prenez contre vous”, explique-t-elle. Et elle propose de dédramatiser en expliquant qu’“on a le droit d’avoir peur de l’eau, comme certains ont peur du noir, du vide, etc.” en ajoutant que les peurs passagères ne sont pas forcément graves. Il faut les banaliser… et les respecter.
Se mettre à la hauteur de son enfant et de ses sensations
Dans lʼeau comme ailleurs, nos enfants nʼen finissent pas de nous surprendre : “Je dois me fâcher pour faire sortir Iris du bain, mais impossible de la faire patauger dans une piscine !” sʼétonne Lucie devant sa fille de 4 ans. “De la même façon, ajoute la psychologue Camille Bacle, un enfant qui adore la piscine peut craindre de ne plus voir ses pieds quand ils sont cachés par le sable ou sous une eau trouble…” Il y a aussi des tempéraments différents, note Mauricette Guinaudeau : “Certains enfants sont attirés par la découverte, dʼautres ont toujours besoin dʼêtre sécurisés… Dans la baignoire, il y a des appuis que lʼenfant ne retrouve pas à la piscine ou dans la mer.” La psychomotricienne nous invite à nous mettre à la hauteur de nos petits et de leurs sensations : “Il faut toujours garder en tête que ce que perçoit un enfant nʼest pas du tout à notre échelle !”
Cʼest aussi lʼapproche de Fabien Lerebourg, éducateur sportif, qui a créé le concept Home Swim Home, à Bordeaux, pour dispenser notamment des cours de natation à domicile. “Je me place toujours à la même hauteur quʼeux, et je leur montre comment mettre de lʼeau dans la bouche et la recracher, souffler dans lʼeau, ouvrir les yeux sous lʼeau…” Des jeux que tous les parents peuvent faire avec leur enfant, encourage le maître-nageur.
”Le moteur, cʼest le plaisir !” confirme de son côté Camille Bacle, qui nous conseille de nous appuyer sur lʼimaginaire pour accompagner les plus réticents dans leur découverte de lʼeau : “On serait des pirates et on irait chercher un trésor sous lʼeau…” Pour éveiller lʼintérêt de lʼenfant, la psychologue suggère aussi de transposer des activités familières, comme jouer à faire sa toilette (“On trempe dʼabord une oreille, puis lʼautre, on sʼasperge lʼarrière de la tête…”), ou de proposer une activité dans lʼeau avec un ballon ou un autre jouet que lʼenfant aime.
À partir de quel âge un enfant peut-il apprendre à nager ?
Dans la famille “Poisson”, il y a aussi les risque-tout ! Si certains enfants ont besoin d’être encouragés, d’autres doivent surtout être freinés dans leur attrait pour l’eau qui multiplie les prises de risques. “Vivement que Jeanne sache nager, qu’on puisse partir sereins au bord de la mer ou chez nos copains qui ont une piscine !” Ce cri du cœur de Mathieu, quel parent ne l’a pas laissé échapper ? Denis Peyot, maître-nageur depuis plus de vingt-cinq ans, pense, lui aussi, que le plus tôt est le mieux pour apprendre à nager. “À partir de 4 ans et demi” affirme-t-il… en soulignant qu’il parle d’enfants déjà familiarisés avec l’élément, grâce aux séances de “bébés nageurs”, par exemple. Mais il précise aussitôt que si certains parents pensent que leur enfant sait nager “parce qu’il peut aller d’un point A à un point B SOUS l’eau”, ils se trompent : la maîtrise de la nage implique “de savoir se débrouiller SUR l’eau, et surtout, loin des bords”.
Pour sa part, Mauricette Guinaudeau confirme qu’on peut conditionner très tôt un enfant à un début d’autonomie, “comme, par exemple, exercer un enfant de 5 ans à aller tout seul à l’école”, tout en nous alertant sur un sentiment trompeur de sécurité, car “ce n’est que vers 10 ans que la maturité et le champ visuel d’un enfant sont suffisamment développés pour lui permettre d’anticiper le danger. Pour la natation, c’est pareil.” Selon elle, un enfant peut apprendre à coordonner ses mouvements et nager avant 6 ans, “mais connaître les gestes ne suffit pas. Il faut savoir réagir en cas d’imprévu”.
Aurélie se souvient que Pablo, son aîné, a très vite su nager. “On a la chance d’avoir des piscines autour de nous (amis, parents…). C’est super pour vaincre l’appréhension de l’eau. Et voir d’autres enfants nager l’a motivé.” Pourtant, Aurélie n’a relâché sa vigilance que cette année, alors qu’il est au CE2, quand elle a senti “qu’il ne se dépêchait plus – vite, vite ! – de rejoindre le bord, à moitié en panique” après chaque plongeon. Son plus jeune fils, Léon, 5 ans, suit les traces de son grand frère, même s’il n’a pas encore le réflexe de nager sur l’eau. Mais comme pour l’aîné, Aurélie ne cède rien sur la sécurité : “Je l’oblige à porter une ceinture avec des flotteurs qu’on enlèvera petit à petit, jusqu’à ce que je sente qu’il a pleinement confiance en lui, et moi aussi !”
4 règles pour des baignades en toute sécurité
La noyade reste la première cause de mortalité accidentelle chez les moins de 6 ans, avec plus de 300 décès chaque année.
- Règle n°1 : Accès interdit. Toujours fermer l’accès à une piscine, en sortir les jouets flottants quand vous n’y êtes plus (bouées, ballons, etc.) et retirer l’échelle s’il s’agit d’une piscine autoportée.
- Règle n°2 : Surveillance active. À la mer ou en milieu naturel, privilégier les baignades surveillées. En groupe : désigner un adulte (sachant nager !) responsable de la surveillance des enfants (et se relayer plutôt que diluer la responsabilité). Limiter le nombre d’enfants dans l’eau ne sachant pas nager pour faciliter la surveillance.
- Règle n°3 : Garder l’œil. Près d’une piscine ou sur la plage, on ne quitte pas son enfant des yeux, on ne répond pas au téléphone, on ne va pas chercher une glace, on ne fait pas la sieste…
- Règle n°4 : Autonomiser. Apprendre très tôt à l’enfant à toujours demander l’autorisation avant d’aller dans l’eau. Et lui désigner la personne responsable de la baignade pour qu’il l’avertisse aussi. Favoriser la baignade en binômes, lorsqu’il y a plusieurs enfants.
L’ancienne championne de natation et ministre chargé des Sports, Roxana Maracineanu a fait de la prévention des noyades une priorité de son ministère. Les conclusions de la Conférence nationale sur l’aisance aquatique (janvier 2020) ont donné lieu, notamment, à la création d’une série de vidéos inspirées des travaux de Raymond Catteau, pédagogue et créateur dune méthode innovante de l’apprentissage de la natation.
Petits exercices pour aider votre enfant à être à l’aise dans l’eau
Ces gestes et mouvements, faciles à réaliser en piscine avec son enfant, permettent de prévenir les accidents, de lutter contre l’aquaphobie et facilitent l’apprentissage de la natation. À vous de jouer !
• La douche. S’asperger le visage.
• La machine à bulles. Mettre la bouche dans l’eau et faire des bulles.
• L’échelle.
– Pour les débutants : descendre à l’échelle.
– Pour les plus à l’aise : descendre le long de l’échelle sous l’eau.
• L’étoile de mer.
– Pour les débutants : faire l’étoile de mer en tenant le rebord à deux mains.
– Pour les intermédiaires : faire l’étoile de mer en tenant le rebord à une main.
– Pour les plus à l’aise : faire l’étoile de mer sans aucune aide.
• La feuille. Se déplacer sur le ventre ou sur le dos à l’aide d’une planche ou d’une frite.
Pour aller plus loin
Des histoires à écouter avant de barboter :
• Lottie & Walter, Kaléidoscope, 13,50 €. Le samedi, Lottie a sa leçon de natation. Mais au fond de la piscine, Lottie en est certaine, se cache un requin. Alors tous les samedis, Lottie refuse d’aller dans l’eau. Jusqu’au jour où Walter apparaît…
• Les émotions de Petit Chat, Langue Au Chat, 7,50 €. À la piscine, Petit Chat a peur de mouiller ses moustaches, de sauter et de boire la tasse. Heureusement, sa maman connaît de super astuces pour lui apprendre à se laisser flotter.
• L’histoire du lion qui ne savait pas nager, P’tit Glénat, 11 €. Le lion déteste se mouiller, et refuse d’apprendre à nager. Mais un jour, sa lionne bien-aimée se retrouve piégée sur une île. Le lion parviendra-t-il à se jeter à l’eau ?