Dans les maisons, à Noël, il y a souvent le sapin, les décorations, les petits sablés… Et aussi la crèche. Dans de nombreuses familles, à Noël, elle est en effet une tradition culturelle à laquelle on reste fidèle. Pour les chrétiens, c’est l’objet le plus important : elle rappelle la naissance de Jésus. Tour d’horizon de quelques habitudes familiales autour de la crèche.
Noël, une fête chrétienne
Pour Garance et Hector (6 et 4 ans), “la crèche, c’est une maison, deux personnages et un petit lit entre les deux. Il y a un sapin, un bœuf et un âne. Et le lendemain, on met le bébé ! Et après, on peut jouer avec.” Pour eux, la crèche a toujours fait partie du décor de la maison à Noël. Parmi tous les éléments que nous associons à cette belle fête, elle a cependant un statut à part.
Avec le trio Jésus, Marie, Joseph, elle rappelle indéniablement que Noël est d’abord une fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus. Le mot “crèche”, qui signifie “mangeoire”, fait directement référence à un texte de la Bible qui précise que Jésus, à sa naissance, a été couché dans une mangeoire par sa mère, Marie. Par analogie avec ce lieu de naissance inhabituel, nous utilisons aujourd’hui encore ce mot pour désigner un lieu d’accueil pour les bébés et les jeunes enfants.
La Bible mentionne aussi les bergers et les savants venus de loin, qui apportent des cadeaux. “Les premières représentations de la Nativité sont bien plus tardives, explique l’historienne des fêtes Nathalie Cretin, et découlent d’influences parfois plus populaires que religieuses.”
Ironiquement, c’est la Révolution Française qui est à l’origine des crèches à la maison : soudain, l’accès aux églises devenant compliqué, les catholiques s’inventent des crèches domestiques pour célébrer Noël chez eux. Les santons provençaux, en particulier, connaissent un grand succès, car tous s’y retrouvent : chaque habitant du village a sa figurine.
Une tradition bien ancrée
Aujourd’hui, les familles, mais aussi les commerçants, les mairies installent leurs crèches… D’où ce débat en France, pays laïque : peut-on oui ou non installer une crèche dans un lieu public, comme le hall d’une mairie ou la place d’un village ? Les Français, dans leur grande majorité (71 %), se déclaraient plutôt favorables à la présence de crèches dans les bâtiments publics car “cela constitue davantage un élément de tradition culturelle qu’un symbole chrétien” (IFOP, décembre 2014). Le Conseil d’État leur donne raison, en reconnaissant en 2016 que la crèche est à la fois un “élément qui présente un caractère religieux, et […] faisant partie des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement, sans signification religieuse particulière, les fêtes de fin d’année”.
La promesse d’une nouvelle ère
Décorer son foyer de verdure, illuminer les maisons, faire des repas opulents, tout cela se retrouve dans différentes traditions : il s’agit, au moment du solstice d’hiver, de souligner l’espoir du renouveau, des jours qui rallongent enfin, des récoltes printanières à venir.
La crèche, qui célèbre la naissance d’un enfant, et donc la promesse d’une nouvelle ère, rejoint cette symbolique. Cela explique que les non-croyants et les personnes d’autres religions s’en saisissent volontiers. Les commerçants ne se trompent pas sur son potentiel. La marque Playmobil® en commercialise une, et les rayonnages des supermarchés regorgent de petites crèches décoratives. Nathalie Cretin résume : “La crèche est un joli symbole. Et puis, à Noël, on revit son enfance, on aime retrouver des choses immuables.”
Un symbole qui rassemble
Marina n’est plus croyante, mais en bonne Provençale, elle s’offre chaque automne un nouveau santon pour agrandir la crèche héritée de sa famille, qui en compte “plus de cent” !
Yasmina, elle, est de culture musulmane, une culture dont la religion reconnaît l’existence de Jésus. Née en France de parents Algériens, elle se souvient : “Avec Maman, on installait le sapin et on plaçait la crèche en dessous. J’adorais ça ! Le petit Jésus, l’âne, le bœuf… c’est tellement mignon ! Je n’ai pas souvenir que ça ait gêné mon père, alors qu’il était très strict sur certains rites musulmans. J’adore l’histoire de Jésus, le pardon, le partage… Le crucifix, je n’aime pas du tout, mais la crèche, c’est beau !” Aujourd’hui, elle perpétue cette coutume familiale, pour le plus grand plaisir de ses deux petits garçons.
Coutume, foi chrétienne, folklore… Ceux qui font le choix de la crèche renouent, dénouent ou détricotent souvent leur tradition familiale pour inventer la leur. La crèche met en scène une naissance. Elle nous rappelle l’émerveillement qui nous saisit tous face à un nouveau-né. Un symbole qui rassemble au-delà des religions.
Témoignages de parents
Chez Maud, une fille de 7 ans et des jumeaux de 4 ans : une crèche pour jouer
“Je fais une crèche, même si je n’ai pas de conviction religieuse. J’ai toujours connu ça et le père de mes garçons aussi. Ça reste une tradition familiale ancrée dans une culture chrétienne. Ça permet de replacer Noël dans son histoire, dans son contexte religieux, à un moment où les enfants sont focalisés sur les cadeaux, les achats. Je me contente de placer la crèche, c’est tout. S’ils me posent des questions, je réponds, mais je n’en fais pas pour autant une séance de caté ! Ma fille, qui a un autre papa que les garçons, a une grand-mère paternelle très croyante et pratiquante. Par elle, elle reçoit une éducation plus catho, mais sans insistance. J’ai trouvé une crèche avec de jolis personnages stylisés, elle constitue un petit jeu pour les enfants. Comme ils sont en céramique, les santons sont fragiles… L’âne a déjà perdu ses deux oreilles.”
Chez Julie, deux enfants de 5 ans et 8 mois : pas de crèche
“La crèche a une connotation très chrétienne, beaucoup plus que l’Arche de Noé, par exemple. Je ne crois pas en Dieu, alors je n’en veux pas à la maison ! Quand on se réunit chez ma belle-mère, qui est croyante, il y a une crèche. Ça ne me gêne pas. Je suppose que ma fille se tournera spontanément vers sa grand-mère si elle a des questions, car je lui ai déjà expliqué que pour moi, Dieu n’existait pas. Je fête Noël avec grand plaisir, en occultant son côté religieux : c’est un moment magique que l’on prépare en choisissant des cadeaux pour les uns et les autres, et que l’on partage en étant heureux d’en recevoir et de se réunir autour d’un bon repas. Je suis aussi excitée que ma fille ! Elle se pose des questions sur l’existence du Père Noël, mais elle ne m’en a jamais posé sur Jésus. Si elle le fait, je répondrai, en expliquant qu’elle peut s’informer sur chaque religion et se faire sa propre opinion. Ceci dit, je m’interroge aussi sur les valeurs que cette fête véhicule : le Père Noël aux couleurs de Coca-Cola, la consommation… Mais j’aime la fêter.”
Chez Philippe, trois enfants de 9 ans, 6 ans et 2 ans : une crèche et des prières
“S’il n’y a pas de crèche, ce n’est pas Noël ! Nous en avons une en bois peint, unique, fragile, qui trône au milieu du salon. On y fait très attention, seuls les grands peuvent la déballer. Et puis chaque enfant veut la sienne, qu’il installe dans sa chambre : comme ça, il fait avancer les moutons, les bergers peu à peu… On passe du temps à les fabriquer ensemble, avec des papiers, du carton, de la peinture, etc. Pour nos enfants, la crèche est plus importante que le sapin. Parce que le sapin, une fois installé et décoré, ils s’en désintéressent. Alors que la crèche, c’est le début de tout : elle évolue durant tout le temps de l’Avent, on raconte l’histoire de chaque personnage, et ça nous permet de répondre à leurs questions, d’aborder beaucoup de mystères de l’Évangile. C’est une façon de nous préparer à la venue de Jésus, le jour de Noël.”
“La crèche de Noël : tradition culturelle ou symbole chrétien ?”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api n°658, décembre 2020. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Claire Perret.
Aller plus loin avec Pomme d’Api Soleil
Pomme d’Api Soleil est le magazine d’éveil à la foi des petits. À Noël, il raconte à hauteur d’enfant l’histoire de la naissance de Jésus et permet au parent d’accompagner son enfant dans un temps de l’Avent plus spirituel.
En vente tous les deux mois, dans les kiosques et les librairies religieuses.