Nos modes de vie nous font perdre de plus en plus le contact direct avec la nature. Pourtant, celui-ci est vital, a fortiori pour les enfants. Alors, en avril, la rédaction du magazine Pomme d’Api vous emmène au grand air pour l’explorer et la découvrir en famille !
La nature… loin de la campagne aussi !
En France, 60 % de la population réside dans les grands pôles urbains, où la densité de population dépasse les 800 habitants par km2… Cela en fait, des enfants qui grandissent loin de la campagne ! Pour autant, même dans un espace urbain ou périurbain, la nature est présente. Mais on a tendance à ne pas la voir. C’est pourtant bien elle qui se montre, là, dans le parc, dans les bourgeons des arbres de l’avenue, mais aussi dans les herbes qui poussent entre les dalles, dans les nuages qui parcourent le ciel entre les toits, dans la pluie qui nous surprend, le coup de vent qui nous met de la poussière dans les yeux, dans ces champignons invisibles qui font boursoufler le bitume du trottoir…
Tous dehors !
Profitons de ce début de printemps pour être plus attentifs à la nature. Ouvrons les yeux de nos enfants et laissons-nous ouvrir les yeux par leur regard curieux. Car, qu’elle soit contrainte en ville, domestiquée dans le jardin, ou vaste à la campagne ou à la montagne, la nature est un irremplaçable terrain de jeux. Les enfants peuvent y jouir d’une liberté inhabituelle pour courir sans retenue, escalader, observer, explorer, questionner. C’est le lieu de la fatigue physique et du grand air, on peut y éprouver de grandes émotions (la peur, la joie, l’excitation), y surmonter des obstacles (“J’ai touché la limace !”), faire d’innombrables découvertes et développer son sens de l’observation ou de la contemplation. C’est aussi le lieu où les parents doivent parfois dominer leurs appréhensions pour laisser leurs enfants prendre le risque de grimper aux arbres, de s’écorcher les genoux. Et tant pis si les vêtements reviennent sales et les chaussures crottées !
Enfilez bottes et cirés, attrapez un bocal, un sac, un canif, et… dehors avec ces 7 idées de la rédaction de Pomme d’Api.
Organiser une chasse aux trésors
Avant de partir en promenade et d’envoyer vos enfants en mission, imaginez avec eux ce qu’ils devront rapporter. Les parents motivés peuvent même établir une petite “fiche mission” avec une liste illustrée de dessins ou de photos. Veillez à limiter leur collecte à une seule feuille par arbre ou par buisson visité !
Exemples d’éléments à rapporter :
- une coquille d’escargot
- un insecte
- une feuille piquante
- une feuille aux bords arrondis (lobée)
- une feuille dentelée
- une feuille à poils (velue)
- une feuille lisse
- un fruit (grandes discussions en perspective sur ce qu’est un fruit !)
- une graine, etc.
Fabriquer un herbier
De retour à la maison, vous pourrez confectionner ensemble un herbier. Si personne parmi vous ne sait distinguer un tremble d’un bouleau, un hêtre d’un charme, quelle importance ? Il s’agit d’abord d’observer que toutes ces feuilles sont différentes, de garder un souvenir de cette journée (“Herbier du jour où…”), et peut-être de comprendre que c’est ainsi qu’ont commencé les botanistes pour classifier et nommer les espèces. S’ils veulent aller plus loin, vous chercherez et apprendrez ensemble !
Classer, collectionner
Se promener avec des enfants, c’est prendre le risque de voir leurs blousons s’alourdir, s’alourdir… au gré des trésors ramassés et fourrés dans les poches. Cailloux, glands, feuilles, bâtons, brindilles… les petits aiment les collections ! Et c’est tant mieux ! Peu importe que vous vous y connaissiez ou non. Montrez-leur aussi où dénicher ce qu’ils n’ont pas vu : les spores de la fougère collées sur la face cachée des feuilles, celles des champignons qui tombent de leur chapeau quand on le tapote (placer une main ou un papier en dessous, pour le vérifier). Une fois rentrés, proposez à vos enfants de classer leurs trouvailles par tailles, par couleurs, par formes…
Écouter, sentir
Allongeons-nous par terre (ou asseyons-nous sur une pierre si c’est mouillé), fermons les yeux et… chut ! Laissons passer un petit instant. A-t-on entendu quelque chose ? Des bruits de la nature ou des bruits de l’homme ? Les yeux toujours fermés, concentrons-nous cette fois sur l’odorat : est-ce que ça sent quelque chose ? Une fois ce temps contemplatif terminé, on peut mettre les enfants au défi : saurez-vous vous déplacer sans faire de bruit, comme un chat ou un petit Indien ? Pas facile ! Et si on a vraiment l’ouïe fine : au début du printemps, collez votre oreille contre un arbre, de préférence à l’écorce lisse et fine (cerisier, platane, marronnier). Vous entendez ? C’est la sève qui monte ! Véridique ! Si vous avez la chance de bien connaître un médecin, faites-vous prêter un stéthoscope, le son est encore plus net.
Voir une chenille se transformer
Observez les plantes au bord du chemin. Y voyez-vous des chenilles ? Dans ce cas, prélevez le plant avec ses racines et ses occupantes. Placez-le dans un grand bocal fermé (si les chenilles sont de différentes variétés, c’est encore mieux). De retour à la maison, remplacez le couvercle du bocal par une gaze. Veillez à ce que le plant reste humide en l’humectant de temps à autre avec un vaporisateur. Si les chenilles ont mangé toutes les feuilles, il faudra retourner leur en cueillir de la même sorte. Vous aurez la chance de voir les chenilles tisser leur cocon, se transformer en chrysalides puis… en papillons (que vous relâcherez bien sûr !)
Observer les coccinelles
La coccinelle ravit les petits. Ils osent la laisser courir sur leur main, alors que d’autres petites bêtes les intimident… En revanche, détrompez-les : le nombre de points n’indique pas l’âge, mais simplement qu’il s’agit d’une des cent espèces différentes que l’on trouve en France. Une coccinelle vit rarement plus d’un an.
Bon à savoir : rares sont les insectes dangereux, et on peut tout à fait prendre un scarabée ou une sauterelle dans sa main. C’est l’occasion aussi de compter les pattes : une araignée n’est pas un insecte, car elle a 8 pattes et non 6 !
Se décrotter “utile”
En rentrant de balade, les chaussures sont souvent à nettoyer. Décrottez-les avec vos enfants en recueillant la terre dans une petite soucoupe. Arrosez légèrement chaque jour. Vous aurez la surprise de constater que… ça pousse ! C’est d’ailleurs ainsi que certaines graines sont transportées d’un continent à l’autre.
Des livres pour aller plus loin
Au secours ! Mes petits-enfants débarquent ! Comment faire découvrir la nature aux enfants ? Louis Espinassous, Frédéric Lisak, éditions Plume de Carotte.
Louis Espinassous (dont diverses vidéos sont consultables sur le net) se consacre depuis des décennies à l’éducation à l’environnement. Il a rassemblé dans ce guide épatant une multitude des activités qu’il propose lors de ses sorties, et dont certaines figurent dans cet article. Contrairement à ce que le titre laisse entendre, il convient aussi aux parents et aux enseignants.
Au fil des six chapitres (au jardin, en ville, en chemin, dans les bois, au bord de l’eau, à l’aventure), l’auteur – éducateur “nature”, biologiste, ethnologue, conteur… – liste astuces, petits bricolages, anecdotes, et distille un savoir accessible et décomplexé. Des pictos indiquent aussi la saison la plus appropriée pour chaque activité. Si vous voulez faire une clarinette avec une tige de pissenlit, apprendre à distinguer un papillon de jour d’un papillon de nuit, vous rafraîchir la mémoire en redécouvrant comment faire une poupée avec un coquelicot… ce guide est fait pour vous !
Hello Nature, Nina Chakrabarti, éditions Seuil Jeunesse.
Un gros livre qui mixe connaissance, activités, coloriages. À partir de 5 ans.
Où se cachent-ils ? Emily Bornoff, éditions Casterman.
Un album sur le principe d’un “cherche et trouve” des animaux rares ou en voie de disparition, accompagné d’une double page documentaire à la fin. À partir de 3 ans.
Imagier des saisons, Pittau & Gervais, éditions Les Grandes Personnes.
Des pages avec des rabats sur les quatre saisons, des fleurs en boutons aux flocons de neige, en passant par les animaux à poils ou à plumes. À partir de 3 ans.