Aider à préparer le repas, mettre la table, ranger… : dès 3 ans, un enfant peut participer à ces tâches. Faire comme un grand, “tout seul”, reste son principal sujet de fierté ! Pour le parent, c’est un petit coup de main et l’occasion d’un moment partagé avec son enfant. Et pour celui-ci, c’est un grand pas vers l’autonomie et la confiance en lui. Certes, cette démarche d’autonomie demande de la patience et quelques astuces ! Nos conseils…
Accompagner le désir d’autonomie de nos enfants
Avouons-le, en matière d’autonomie, les paradoxes ne nous font pas peur : nous rêvons que nos enfants rangent leur chambre spontanément, mais nous n’hésitons pas à leur dire :“Laisse-moi faire, ça ira plus vite…” quand ils tiennent mordicus à faire leurs lacets tout seuls à 8h25. Pas faux : avec des marmitons de 2 à 8 ans, mieux vaut commencer la préparation du dîner à 17h30 !
On hésite aussi à leur confier les rênes lorsque cela nous semble trop dangereux : manipuler un couteau pour trancher des légumes, remplir la carafe d’eau, grimper sur le tabouret pour attraper la réserve de dentifrice… Certains parents, enfin, relate la psychologue Anne Bacus, continuent d’habiller leur grand de CP le matin, de lui proposer un biberon au petit-déjeuner, et de lui essuyer les fesses… parce qu’ils refusent inconsciemment de le voir grandir.
Mais tant pis pour notre confort, notre efficacité et nos craintes : il est impératif de valoriser leur désir d’autonomie. “C’est essentiel pour qu’ils se sentent capables de faire des choses et puissent se dire : “je suis quelqu’un de bien, sur qui on peut compter”, explique la psychologue. Les parents doivent être conscients qu’on éduque ses enfants pour les faire partir. Et que ça commence dès l’étape bébé !
À travers cette autonomie, c’est donc leur estime de soi que l’on construit. Si bien que lorsqu’on refuse d’accéder à une demande d’émancipation, il faut justifier avec soin notre choix, pour ne pas que l’enfant en déduise qu’on ne lui fait pas confiance. Même en cas de mauvaise surprise (“Regarde, j’ai nettoyé les toilettes avec mon gant de toilette !”), il faut puiser dans sa réserve de sang-froid pour ne pas saper la bonne volonté désarmante d’une fée du logis en bas âge, en l’accusant d’avoir fait une “bêtise”.
Inciter les petits à participer à la vie de la maison
Il est parfois difficile de savoir à quel âge on peut exiger quoi. L’enfant donne de lui-même quelques indications : “C’est moi qui fais !”, déclare la petite Laura en déposant précautionneusement son assiette dans le lave-vaisselle. De fait, dès 3 ans, un enfant peut ranger ses chaussures à l’endroit prévu, mettre ses vêtements au sale, aider à vider le lave-vaisselle, s’habiller et se laver seul (ce qui ne veut pas dire que la vérification n’est pas nécessaire), associer les chaussettes par paires…
Les tâches qu’on lui confie pour la première fois vont le passionner : passer la balayette, nettoyer une casserole, manipuler l’aspirateur… Les plus grands n’ont plus la fierté et l’excitation des premières fois, et il est souvent difficile de les faire contribuer aux tâches domestiques sans entendre des protestations ou sans se heurter à leur immobilisme. Aussi, voici quelques pistes pour les inciter à participer à la vie de la maison :
- Dire “J’ai besoin d’aide”, plutôt qu’ordonner “Mets la table !” On peut organiser une réunion de famille pour expliquer : “Le soir, il y a beaucoup de choses à faire, et sans vous, je ne peux pas y arriver.”
- Procéder à de petits aménagements : un marchepied pour accéder à l’évier, le choix d’un placard bas pour ranger la vaisselle, des patères situées à 90 cm du sol plutôt qu’à 1,70 m…
- Expliciter ses attentes : mettre la table n’est pas toujours clair pour un enfant. Il faut prendre le temps d’expliquer – pourquoi pas par un dessin affiché dans la cuisine ? – qu’il s’agit de disposer les assiettes, les couverts, les verres, mais aussi les serviettes, les dessous-de-plat…
- Responsabiliser, remercier et féliciter : “Je te nomme chef des couverts durant tout le repas”, ou “Chouette, chaque chaussette a retrouvé sa jumelle !”
- À deux, c’est mieux ! Le rangement de la chambre, en particulier, est délicat : un enfant n’en discerne pas l’utilité (les Playmobil par terre, ça ne le gêne pas, au contraire !), et la tâche lui semble impossible à accomplir, et donc décourageante. Exiger qu’il le fasse seul, c’est trop !
- Constater plutôt que reprocher : les reproches sont inefficaces, car l’enfant se sent accusé et incapable : “Tu as encore oublié de mettre tes vêtements au sale !” En changeant juste la formulation, nous passons du reproche à la communication bienveillante (cf. notre cahier parents de février 2015). Ainsi, un constat suffit souvent : “Je vois une petite culotte sur le tapis.” Vous verrez, elle disparaîtra !
- Ne pas trop rêver… Oui, vous allez devoir répéter des milliers de fois que quand on sort du bain, on ne laisse pas sa serviette mouillée traîner par terre. Oui, la chambre rangée spontanément par ses petits occupants, c’est illusoire. Mais on a parfois des surprises : une table du petit-déjeuner dressée avec soin “pour faire une surprise”, tous les albums illustrés rangés “par taille parce que c’est plus joli”, le sac-poubelle descendu par un petit bonhomme rempli de fierté… Patience, ça arrive !
Témoignages de parents
“J’ai organisé une séance de photos pour représenter tout ce qu’il y a à faire le matin avant de partir à l’école. Mon fils Hugo a tout mimé, ça l’a beaucoup amusé. Nous avons collé ces photos dans l’ordre sur le frigo et il s’y reporte pour savoir quoi faire. Ainsi, les départs à la maternelle sont plus sereins !” Sandra, 2 enfants, dont Hugo, 5 ans
“Le cauchemar, c’est le rangement. J’ai plusieurs techniques. Soit je crie : “ 1-2-3, chacun range une chose… rouge !” ou “ Chacun range… 5 objets !”, soit je mets un minuteur sur 3 minutes – ou bien on met la musique à fond – et, le temps d’une chanson, on range. Le tout, c’est de le faire ensemble et de passer quand même un bon moment.” Marc, 4 enfants de 4 à 11 ans
“Même petits, ils peuvent couper les légumes. Mon fils m’aide, puis il met les épluchures dans son camion benne, ça lui plaît beaucoup !” Alexandra, 5 enfants, dont un fils de 6 ans
“J’en avais assez d’entendre : “J’ai déjà mis la table hier, et elle, elle la met jamais !” toute la famille s’est réunie pour établir un planning en fonction des emplois du temps de chacun : chaque soir, un enfant est “de service”, il doit mettre la table, aider et balayer après le repas. même la petite dernière contribue à hauteur de ses capacités. Il n’y a plus de discussion, ça marche.” Anne-Laure, 3 enfants de 2 ans et demi à 10 ans
Des livres et un album pour aller plus loin
Des livres :
- Vivre la pensée Montessori à la maison, Emmanuelle Opezzo, Marabout.
- 100 façons de rendre son enfant autonome, Anne Bacus, Marabout.
Un album :
- À la maison, il y a des règles, Laurence Salaün et Gilles Rapaport, Seuil jeunesse.
Avec beaucoup d’humour, les auteurs listent dans cet album les “règles” qui régissent la vie des enfants. Ils ne s’en tiennent pas au seul partage des tâches, mais on y trouve par exemple : “Je ne me précipite pas aux toilettes quand je dois débarrasser la table” ou “J’éteins la lumière quand je quitte ma chambre, mes doudous voient très bien dans le noir.”